Anouck est tatoueuse/graphiste/créatrice de cosmétiques naturels et bio. Julien est intervenant social/psychologue/coach en développement personnel. Quant à Cyrielle, elle est consultante en entreprise/blogueuse/décoratrice d’intérieur et événementielle. Tous ont un point commun: ils sont ce que l’on appelle aujourd’hui des slasheurs.
Un mode de fonctionnement déjà existant chez les personnes en situation précaire, mais relativement nouveau pour celles et ceux au bénéfice d’une formation supérieure (lire notre entretien en page 15). Face à un marché de l’emploi passablement fragile selon les domaines, slasher est utilisé comme un moyen de rebondir. Mais pas seulement. Pour bon nombre, l’épanouissement professionnel conjugué avec un rejet de l’ennui au travail sont au cœur des motivations. Indépendants, salariés ou les deux à la fois, les combinaisons sont multiples, mais le moteur identique: se tailler un job sur mesure, qui prenne en compte les différentes facettes de la personnalité. Majoritairement issus de la génération connectée, les slasheurs envisagent le travail différemment de leurs aînés et n’hésitent pas à remettre en question le schéma salarial traditionnel. Face à cela, certaines entreprises s’adaptent en proposant notamment du télétravail et une gestion plus souple des agendas.
Quant à ceux qui les taxeraient d’éternels insatisfaits ou de volages, ces travailleurs nouvelle génération répondent qu’ils développent au contraire une vaste palette de compétences et une flexibilité à toute épreuve. Alors, demain, tous slasheurs? Il s’agit en tout cas d’un phénomène grandissant chez nos voisins, entre autres en France, et la Suisse n’est pas en reste. Une plateforme romande leur est même dédiée. Selon l’Office fédéral de la statistique, 7,3% des actifs, dont 9,6% de femmes, occupaient plus d’un emploi en 2014.