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L’historien Raoul Cop signe le scénario d’une bande dessinée ayant pour décor les Montagnes neuchâteloises. Mise en images par le dessinateur Maoro, cette mini-série en trois tomes plonge le lecteur dans le passé, le présent et bientôt le futur de cette région.
Raoul Cop est tombé amoureux de la région des Montagnes neuchâteloises qu’il a étudiée ensuite durant des années.
En 1968, alors qu’étudiants et CRS s’échangent des amabilités du côté des Champs-Élysées, le jeune Raoul Cop pose ses valises à La Chaux-de-Fonds, ville que cet instit belge aujourd’hui à la retraite ne quittera plus. «Moi qui ai grandi dans le plat pays, j’ai eu un véritable coup de foudre pour le haut Jura, ses grands espaces, ses paysages, sa qualité de vie, l’amabilité de ses habitants…»
Cet amour pour les Montagnes neuchâteloises le conduit très vite à en faire son sujet d’étude privilégié. Il s’intéresse d’abord à la flore, à la faune et à la géologie. Puis il se passionne pour l’histoire de ce coin de pays, devenu berceau de l’horlogerie. «C’est moins exotique que l’égyptologie, mais plus proche aussi.» Il rit sous masque.
Son insatiable curiosité le pousse sans cesse à confronter ce qu’il lit dans les ouvrages savants à la réalité du terrain. Il chasse donc les ruines autant qu’il fouille les archives. «J’ai gratté de plus en plus profond, jusqu’aux registres de notaires que j’ai dépouillés systématiquement afin de comprendre comment les gens vivaient ici autrefois, comment ils survivaient dans ce pays de loup.»
De ses investigations, ce Picard belge naturalisé suisse ramène de quoi rédiger de nombreux livres et articles. «J’ai effectué des recherches que personne n’avait faites avant moi. Par exemple, sur les moulins oubliés, la construction des fermes ou l’aube horlogère. Bien sûr, comme tout scientifique, j’ai profité du travail de mes prédécesseurs. Mais j’ai le sentiment d’avoir ajouté ma pierre à l’édifice et trouvé les réponses aux questions que je me posais sur le passé de cette région.»
Ce septuagénaire n’est pas pour autant – comme il le dit lui-même – «un nostalgique du bon vieux temps». C’est sans doute pour cela que sa nouvelle aventure littéraire se décline en cases et bulles. Pour cela et également parce qu’il est originaire du pays de Hergé, Franquin et Peyo. «J’ai lu et je dévore encore beaucoup de bandes dessinées», avoue-t-il sans honte.
En fait, c’est en exhumant un scénario qu’il avait écrit quand il était encore enseignant –«Je cherchais alors un moyen de partager mes connaissances historiques avec mes élèves.» – que le projet est né. «Je l’ai proposé au dessinateur Maoro (Mauro Frascotti à l’état civil, ndlr). Après réflexion, il m’a dit OK mais à condition que l’on fasse une trilogie!»
Baptisée L’or des sapins, cette mini-série bédé est un voyage dans le temps, plus précisément dans le passé, le présent et le futur des Montagnes neuchâteloises. Son pitch: «Trois époques, trois enquêtes, trois univers différents… mais les mêmes héros, le même cadre haut-jurassien et un moteur commun, propre à susciter toutes les convoitises: l’or!»
Même décor? «Oui, parce que l’idée sous-jacente est de faire connaître, de promouvoir, de magnifier notre région.» Et mêmes personnages principaux? «Ils ont peut-être un physique et un tempérament identiques, mais ils réagissent différemment selon le contexte, car ils sont complètement conditionnés par leur époque. C’est ça qui est intéressant.» Et original!
Le premier tome – Les faux-monnayeurs – traite d’une sombre histoire de trafic de faux louis d’or au XVIIIe siècle, en plein premier boom horloger. Le deuxième – Le gang des numismates (il vient de sortir de presse) – raconte, lui, une affaire de vol de monnaies anciennes se passant aujourd’hui. Quant au troisième, une dystopie encore en gestation, il nous projettera carrément dans le… vingt-troisième siècle.
Cet expert du passé est sorti de sa zone de confort pour se muer en chroniqueur de son temps et même en futurologue. «En tant qu’historien, cette trilogie constitue un véritable défi pour moi. Mais comme je possède une bonne connaissance du monde ancien et contemporain, je vois bien les bons et mauvais côtés de notre société et les difficultés que l’on aura à créer autre chose à l’avenir.» On se réjouit de voir à quoi ressemblera le Jura horloger de demain selon Raoul Cop.
À lire: Les faux-monnayeurs (2018) et Le gang des numismates (2020), Éd. Alphil.