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Portrait

Pour sourire comme un tyrannosaure

Afin d’inciter les tout-petits à se laver les dents, Noémie Oulevay et son fils Arthur ont inventé Dentirex: un dino en poster, dans la mâchoire duquel on ajoute une dent après chaque brossage.

Texte Véronique Kipfer
Photos Guillaume Perret
Date
portrait dentiers

Depuis l’arrivée de Dentirex, Arthur et sa maman ­Noémie Oulevay ont le sourire. 

Dentirex a le teint vert et les crocs acérés, mais aussi l’œil rieur couleur cacao. Et il évolue justement dans un paysage digne de «Charlie et la chocolaterie». «C’est moi qui ai inventé la rivière de chamallows, la sucette à la cerise qui flotte dedans et les nuages aux pépites de chocolat!», souligne fièrement Arthur Rossetti, 8 ans, qui a participé d’un bout à l’autre à la création du poster éducatif imaginé par sa maman Noémie, co-fondatrice de l’agence de graphisme Contreforme, à Neuchâtel.

Mais pourquoi choisir un T-Rex comme héros de l’hygiène dentaire? «Parce que c’est plus facile de coller ses dents, il en a des plus grandes!», s’exclame Arthur, tandis que sa maman explique: «Lorsqu’Arthur était petit, ce n’était pas tout simple de lui couper les ongles et les cheveux, il avait une appréhension par rapport à ce qui touchait au corps et détestait se brosser les dents. C’était mon premier enfant, et je ne savais pas quoi faire: on nous conseillait de favoriser le rituel du soir, et chez nous, ça partait à chaque fois en vrille!»  A cette époque, le petit garçon avait la passion des dinosaures: «De ses 2 ans et demi à ses 5 ans, on a fait tous les musées et lu tous les livres de dinosaures, on était hyper calés… et maintenant, on a tout oublié!», s’amuse Noémie Oulevay. Cette fascination, métissée à une lecture attentive d’ouvrages traitant d’éducation positive et à un lointain souvenir d’enfance, «une sorte de clown basique auquel on collait des dents», fait alors naître l’idée de Dentirex.

Un travail d’équipe

Au début, le support est simple, mais déjà très efficace. «Arthur a appris très rapidement à se brosser les dent. Et entre ce que je lisais et ce que je voyais, j’ai réalisé qu’effectivement, le fait d’encourager l’enfant et de formuler les choses positivement fonctionne bien, remarque sa maman.  Après, quand il a eu un petit frère, on s’est dit qu’on allait vraiment créer un Dentirex digne de ce nom. Mais je n’étais pas satisfaite de mon dessin, je le trouvais trop naturaliste. Le projet est resté en suspens presque une année, puis le hasard d’une rencontre avec la dessinatrice vaudoise Amélie Buri a permis de le réaliser en 2019, grâce à une proposition d’Amélie plus ludique, qui me convenait totalement.»

La jeune maman neuchâteloise a alors créé un site et un logo. Et Arthur a collaboré au choix du matériel de fabrication, et même déterminé le design du point sur le «i» du logo: une spirale rose et blanche… comme une sucette à la cerise, bien sûr! «Je voulais mettre en place un réseau de collaboration en restant en Suisse, note Noémie Oulevay. Et ce n’est pas si simple: je ne sais pas si les gens se rendent bien compte que les albums pour enfants sont tous imprimés en Chine. Et quand on veut le faire en Suisse, les coûts sont multipliés au minimum par deux. Mais j’ai trouvé de très bons prestataires: les étiquettes sont faites à Neuchâtel, le poster près de Lausanne. Et au final, cela n’en fait pas un objet de luxe pour autant.»

Des dents repositionnables

En digne dévoreur de bonbons, Dentirex s’est dernièrement vu doté de dents plus solides et repositionnables: «Cela évite de devoir changer de poster après deux semaines d’utilisation, à raison de trois brossages de dents par jour. Et on a vu que ces autocollants, plus épais, sont plus faciles à manipuler pour les 2-5 ans.»

Le confinement a également permis de développer le concept de manière inattendue: «Mon mari et moi nous sommes retrouvés avec deux jeunes enfants à occuper et une entreprise à faire tourner, se remémore Noémie Oulevay. On a donc mis en place une activité spécifique par jour, en publiant ensuite les photos des créations». Les deux préférées d’Arthur? «Les pattes de dino au chocolat, qu’on a mangées en dix minutes! Et aussi les dinos congelés: on peut taper dessus avec un marteau, mais moi j’ai fait avec une raquette de ping-pong et un tournevis». Les activités sont à disposition sur le site Dentirex.ch et enrichies de temps à autre.

Actuellement en contact avec quelques dentistes et hygiénistes, la co-fondatrice de Contreforme souligne toutefois que Dentirex a pour vocation de rester un projet entrepreneurial familial, destiné avant tout à amuser. «J’ai aussi eu une demande d’une association, qui m’a demandé de venir animer un atelier créatif sur les dinosaures. Cela me fait plaisir, car ce projet est avant tout basé sur une idée de partage».

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