Fabien Ohl, la pratique du sport en extérieur s’inscrit-elle dans une tendance lourde ou relève-t-elle plutôt d’un phénomène passager, imposé par les mesures sanitaires?
Le sport et les activités physiques à l’extérieur jouissent d’une longue histoire à vrai dire. On retrouve cette pratique au début du XXe siècle déjà chez les scouts, dans le mouvement gymnastique tchèque Sokol ou en France avec les Lendits, des fêtes de la jeunesse axées sur le sport. Il s’agit notamment de montrer que la nature est bénéfique à l’organisme et qu’il est important de s’aérer.
Ces mouvements sont toutefois tombés en désuétude…
Oui, car ils étaient pour certains nationalistes, et la mise en scène des corps «sains» avait pour but de valoriser la nation, l’hygiène ou des idéologies politiques. Mais la raréfaction du sport à l’extérieur est également liée à la construction d’infra-structures dédiées au sport ainsi qu’au -développement urbain et à la hausse du trafic motorisé. Du coup, la ville n’était plus adaptée au mouvement, qui a été cantonné aux salles ou à la périphérie avec les parcours santé en -forêt. Depuis quelques années, on observe toutefois une volonté de réappropriation de la ville. Cela s’observe par l’aménagement de trottoirs plus larges et une hausse de la mobilité douce. De plus en plus de communes installent par ailleurs de petits appareils simples, qui ne se dégradent pas, permettant de pratiquer une activité physique. Ce peut être par exemple de petits fitness urbains faits de barres pour se muscler avec le poids du corps. On est certes encore loin des installations de Venice Beach en Californie où les body--builders s’entraînent et se mettent en scène. Mais la tendance est là.
La salle présente toutefois de nombreux avantages…
Oui bien sûr. Les températures y sont régulées par exemple. Toutefois, même dans les pays nordiques, qui n’ont pas un climat forcément adapté, on remarque une envie de reprendre possession des espaces urbains par l’activité physique. Les différents centres de fitness peuvent profiter de cette envie.
En tant que sportif, je peux aller m’entraîner quand bon me semble autour de chez moi. À quoi bon développer une offre à l’extérieur en groupe à un horaire fixe?
Aimer faire du sport et avoir le goût de l’effort est une chose. Mais il ne faut pas oublier que l’activité physique permet de rencontrer des gens et de tisser du lien social. Il s’agit d’un facteur très important, qui motive les participants. C’est pour cela que l’on va courir en petits groupes ou que l’on part à vélo à trois ou quatre.
Selon l’Observatoire suisse du sport, la Suisse est, avec la Finlande et la Suède, le pays européen où l’on pratique le plus une activité physique. Comment expliquez-vous cet engouement des Suisses pour le sport?
La pratique d’un sport est fortement liée au niveau de vie d’un pays. Plus celui-ci est élevé, plus l’on pratique un sport. Ce n’est pas seulement l’aspect financier qui joue un rôle vu que courir ou randonner ne nécessite pas un grand budget, mais plutôt le facteur culturel, qui peut être indiqué par le niveau de formation. De manière générale, plus l’on fait des études, plus l’on est dans un environnement et dans des dispositions favorables à la pratique d’un sport.