Julie Baumer propose différentes pistes, afin d’aider les parents à trouver les mots justes et à rassurer leurs rejetons, quelles que soient leurs peurs:
1) On peut parler avec l’enfant de toutes les situations où la peur est utile, pour lui montrer que cette émotion est aussi son amie, qu’elle est là pour le protéger. Puis lui apprendre à différencier quand elle est à sa juste place, ou non.
2) C’est très important d’écouter son enfant. Ce dernier doit pouvoir extérioriser ses émotions sans se sentir jugé ou critiqué («mais tu es grand», «sois un peu fort»), et sans que sa peur soit tout de suite rationalisée ou banalisée. Il n’est pas nécessaire de chercher tout de suite et à tout prix une solution concrète, mais il est possible de rassurer l’enfant après l’avoir écouté, en lui disant par exemple: «je comprends ce que cela te fait, je suis confiant que nous trouverons des solutions, nous sommes là pour t’aider».
3) C’est aussi essentiel d’aider l’enfant à exprimer ce qu’il ressent: il doit pouvoir donner une forme à ce qui lui fait peur, car ainsi, la peur paraît plus connue, plus maîtrisable. Souvent, les parents ont tendance à vouloir mettre des mots sur les peurs de l’enfant à sa place, mais il faut le laisser s’exprimer - avec des limites: si l’enfant casse des choses, ou si ses émotions deviennent tellement ingérables et envahissantes qu’elles perturbent fortement la vie familiale, il faut pouvoir lui dire que cela ne va plus et trouver des alternatives avec lui.
4) On peut aussi soutenir l’enfant avec des activités comme la pâte à modeler ou le dessin, qui sont parfois un outil d’expression plus facile à utiliser. Les livres d’histoires sur des thèmes autour de la peur peuvent aussi être utiles, car l’enfant s’identifie au héros: c’est inspirant pour donner un sens à ses propres peurs, et l’encourager face aux défis qu’elles lui imposent.
5) Les parents doivent être en adéquation avec le discours rassurant qu’ils tiennent: les enfants sont en effet très doués pour lire dans leur inconscient! Ils captent davantage le fond émotionnel de leurs parents que le contenu de leur discours. Et les façons dont ces derniers réagissent face à différents stress sont un modèle de comportement pour les enfants, qui apprennent surtout par l’identification et l’imitation.
6) L’enfant a besoin d’un environnement stable et sécurisant et d’être encouragé à la fois dans son autonomie et dans le développement de sa confiance en soi. Les enfants qui ont des difficultés liées aux peurs ont souvent des parents trop ou pas assez protecteurs. Il faut donc un juste milieu, pas toujours évident à trouver.
7) S’il faut protéger l’enfant des situations auxquelles il ne serait pas capable de faire face et qui pourraient être traumatisantes, il n’est toutefois pas conseillé d’anticiper tout ce qui pourrait l’inquiéter: c’est bien qu’il ose se confronter à de petites peurs qu’il apprend à maîtriser. Il apprend ainsi que c’est une émotion normale et surmontable, en tire de la confiance en lui et un sentiment d’efficacité personnelle. Dans les situations plus compliquées, on peut aussi être avec lui et l’encourager, afin qu’il soit rassuré et développe des ressources en s’appuyant sur l’adulte.
8) Ne pas hésiter à passer par le jeu et l’imagination. Pour un enfant qui a peur du noir par exemple, pourquoi ne pas dormir une nuit sur un matelas dans sa chambre, allumer des lampes de poche et jouer à «chercher les peurs» dans la pièce, ou vérifier qu’il n’y a pas de monstres sous le lit ? Cela permet de créer une autre dynamique. «Souvent, les parents ont déjà essayé plein de choses lorsqu’ils viennent consulter un psychologue, souligne Julie Baumer. Lorsque leur soutien n’a pas suffi, un psychologue peut ensuite travailler de façon plus fine avec l’enfant, par exemple avec des méthodes autour de l’imaginaire, un travail autour des pensées liées à la peur, ainsi que des techniques de relaxation.»