Comment ça se passe, cette vie de cirque?

L’Helvétie n’est pas une nation productrice de cacao, elle n’a pas de passé colonial et pourtant elle est sans conteste ...
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Le chanteur Bastian Baker est la vedette de la tournée du cirque Knie. Récit d’une expérience inédite et retour sur dix ans d’une carrière à succès
Bastian Baker, dans sa nouvelle vie © Marco Zanoni / Lunax
Comment ça se passe, cette vie de cirque?
Très bien. Je m’y sens comme un poisson dans l’eau. Les similitudes, il faut dire, sont nombreuses avec ma vie de ces dix dernières années, où j'étais sans cesse en route, passant d’un endroit et d’un spectacle à l’autre. Avec la particularité cette fois de faire partie d'un ensemble, et des aspects du show qui rendent l'expérience encore plus intéressante et excitante que d'habitude. L'idée c’était de n’être pas juste un chanteur qui balance ses chansons et repart. Je suis impliqué à fond dans le spectacle du cirque, je fais des acrobaties, de la chorégraphie, je monte à cheval et j'ai écrit une chanson exprès pour le final. Je ratisse le chapiteau, il n’y pas un endroit où je ne joue pas.
Les acrobaties, le cheval, vous en aviez déjà fait avant?
Pas du tout j’avais fait un peu d'équitation ou plutôt juste des balades à cheval comme on a tous pu en faire en vacances. J'ai vraiment appris à monter ici , de même que les acrobaties dans les airs. Mais je suis quelqu'un de hyper sportif et qui aime la nouveauté. J’étais donc très partant.
Quelle différence ressentez-vous avec un concert ordinaire?
Évidemment quand je marche tous les soirs pour venir de ma caravane sous le chapiteau et que je croise des jongleurs, que je vois des chevaux, des poneys et des mecs qui font des allers-retours à moto pour s'échauffer avant d'aller réaliser des backflip, ce n'est pas le cadre d'un backstage normal. Mais je n’ai pas changé fondamentalement mes habitudes. La seule différence c'est qu’au lieu d’être 2h30 sur scène, je ne fais que des apparitions.
Et le rapport avec le public?
Déjà, c'est un public à 360° il faut donc bien se rappeler qu'il y a des gens tout autour et donner un peu à chacun sa part du gâteau. Sinon c'est un public extraordinaire, très content d'être là, familial, de bonne humeur. C‘est génial de sentir que chacun est là pour passer un bon moment
Qui a eu finalement l'idée de ce mariage inattendu Bastian Baker-cirque Knie?
Géraldine Knie savait que j'étais plutôt ouvert d'esprit et du coup elle n’a pas hésité à me demander si ça m’intéressais. Après on a peaufiné la chose. C’est la première fois qu’un chanteur tenait ce rôle au cirque Knie et il était important de faire des jolis costumes de soigner la chorégraphie, que les chansons soient bien choisies. Il y a donc eu un gros travail de préparation.
Il semble que ça marche plutôt bien, non?
Oui, on se fait encenser par la presse et le public et c'est très confortable. À la fin du spectacle quand les lumières s'allument, que le public se lève, voir cette joie profonde et honnête sur le visage des gens, tous les soirs, c'est un truc qui me renverse.
Ignorer la barrière de rösti ne serait-ce pas un point commun que vous partagez avec le cirque Knie?
Il semble que «le chanteur des Suisses» soit en train de devenir mon surnom. Je parle les langues de ce pays que je connais par cœur, que j'ai écumé toutes ces années, d'abord avec le hockey puis avec la musique. J'aime les gens, j'aime vraiment ce pays.
Vous allez fêter bientôt vos 10 ans de carrière. Comment jugez-vous avec le recul le risque pris à 18 ans d’interrompre les études et le sport pour la musique?
La rapidité du succès a facilité cette transition. Certains alors me promettaient une carrière de 6 mois. J'aurais pu me casser la gueule, c'est évident, mais je n’avais rien à perdre. La musique c'était ma vie, ma passion, ce que je voulais faire depuis que j'étais gamin. Quand l'opportunité s'est présentée j'ai donc foncé et bossé comme personne.
La musique comme rêve d'enfant plutôt que la NHL?
Il y avait les deux. Je suis encore très proche de beaucoup de joueurs de hockey dont certains ont eu la chance de partir jouer en NHL. C'est toujours quelque chose qui me fascine. J’ai d'ailleurs essayé l'an dernier un come-back sur la glace à Martigny, interrompu par la crise sanitaire. Pourtant avant même de savoir l'orthographe la première chose que j'ai faite c'était d'écrire des chansons. Mais il faut mettre les choses en perspective : j'ai commencé à jouer quand j’avais treize ans, dans les bars, les mariages, les fêtes, partout où c'était possible, la fête de la perche à Villeneuve par exemple. J'ai donc quand même mis 7 ans avant que ça marche.
Villeneuve votre ville natale…
J'y suis encore très attaché, mes parents y vivent, moi je rentre dès que je peux. J'ai mon bateau à Villeneuve et j'ai toujours des petites pointes de nostalgie quand je passe devant le collège du Lac ou le collège de la Tour rouge, devant ces endroits où j'ai encore des souvenirs très vifs. C'est un super lieu pour grandir avec le bord du lac. Mes premiers concerts c'était sur la place de l’Ouchettaz avec mon voisin Vincent qui jouait de la batterie. Les gens aimaient bien ce qu’on faisait et on se disait mec il faut qu'on s'accroche.
Vous avez chanté sur la grande scène du Paléo, à l’auditorium Stravinsky du Montreux festival, à l'Olympia. Quels souvenirs en gardez-vous?
Ces endroits ont une histoire qui rend ton passage mythique, tu sais que quand on va relire ta bio dans quelques années, elles y figureront en première place. Mais ces étapes phares peuvent générer de la pression inutile. Le concert à l’Olympia a été assez difficile, j'avais passé toute la journée à faire de la presse, à expliquer que non je n'étais pas nerveux, et finalement la nervosité est venue à force d’en parler. Et puis il y a d’autres concerts dont personne n'a eu vent mais qui ont été des moments extraordinaires.
Par exemple?
En Corée du Sud, dans un des stades prévus pour les jeux olympiques. De l’avis de mon groupe et du mien cela reste le meilleur concert que l'on n'ait jamais joué. C'était extraordinaire, on n'a rien compris de ce qui nous arrivait, 15 000 fans coréens en folie, beaucoup de pyrotechnie. C'est le genre de moment où tu fermes les yeux et tu te dis, c'est énorme.
Votre carrière vous a permis de visiter de nombreux pays. Lesquels avez-vous le plus appréciés?
Le Japon. Je me souviens du premier concert à Nagoya. Parmi le public, mon attention a été attirée par deux fans qui arrivaient probablement directement de l’école et portaient ces uniformes si reconnaissables. On se serait cru dans un film. Mais c’est un pays avec des gens ,une nourriture, une manière de vivre et une histoire extraordinaire. Je me suis attaché aussi beaucoup au Brésil. J'y ai joué pour la première fois en première partie de Zaz et y suis retourné plusieurs fois ensuite, notamment lors des jeux olympiques avec Oméga. En repartant, dans la lounge de l'aéroport, j'ai versé une larme, conscient que je venais de vivre quelque chose de hors du commun.
Vous êtes ambassadeur pour plusieurs marques mais aussi pour des causes humanitaires. Comment conciliez-vous les deux?
On m'a beaucoup donné, donc j'aime rendre. Je choisis en général une cause humanitaire par année, dans laquelle je m'implique beaucoup et pas juste pour être sur les affiches. Quant aux marques j’en représente peu mais j’essaye de le faire bien . Avec Omega par. exemple cela fait 6-7 ans que nous travaillons ensemble et c'est une manière pour moi aussi de représenter la suissitude l'étranger. A ce propos j'ai d’ailleurs signé cette année un partenariat avec Suisse tourisme. Et puis ce sont des entreprises avec lesquelles je n'ai aucun problème d'éthique. Je suis fier par exemple de porter une Omega.
Comment le cirque Knie a-t-il eu l'idée d'inviter Bastian Baker?
Ma mère Géraldine le connaissait depuis quelques années, elle savait que c'était un super artiste. C'est la première fois que l'on a chanteur comme highlight du spectacle, mais Bastian ne sait pas que chanter, c’est quelqu’un de très sportif, qui a du talent pour faire beaucoup de choses. Il participe d’ailleurs à chaque numéro.
Comme animaux, le cirque ne présente plus que des chevaux et des chameaux. Le renoncement aux mythiques éléphants a-t-il été vécu douloureusement?
Non, parce qu’à l'époque on disposait de plus de place. Les villes grandissent de plus en plus et les emplacements à disposition pour le cirque et le zoo deviennent de plus en plus petits. Et si l'on dispose pas de la place suffisante pour les éléphants c'est mieux de ne pas les avoir. Nous ne considérons pas cela comme une perte mais au contraire comme quelque chose de positif : nous avons pu construire un parc pour les éléphants dans notre zoo à Rapperswil. Nous travaillons maintenant à un programme de reproduction.
Comment le cirque Knie a-t-il vécu la période sanitaire?
C'était un très grand choc, comme pour beaucoup d'autres spectacles et beaucoup d'autres entreprises. En cent ans d’existence le cirque Knie n'avait jamais dû arrêter une tournée, même pendant la 2e guerre mondiale. Et là en 2020, on n'a même pas pu la commencer, la première étant fixée au 18 mars. On n'y croyait pas. Économiquement comme beaucoup d'autres entreprises on a pris un gros coup. Cette année par rapport aux autres tournées on fait un peu moins de villes, on s’est concentré sur les plus grandes. Mais, commencée en juillet, elle se terminera fin décembre ce qui n’est pas si mal.
Quand on est un Knie pense-t-on parfois à faire autre chose que du cirque ?
Quand on grandit dans le cirque, dans cette ambiance, dans ce monde-là, il est assez normal qu’on soit très attiré par ce que l'on fait. Mais certains membres de la famille ont quand même pris d'autres chemins et construit leur vie en dehors du cirque. Ce n'est donc pas une obligation mais un choix .Tout peut changer dans la vie, mais franchement personnellement je ne me vois pas faire autre chose.
Genève jusqu’au 19.09.2021 (vente de billets sur Ticketcorner)
Lausanne : du 23.09. AU 10.10.2021 : (vente de billets sur Ticketcorner)
Fribourg du 24.11. AU 28.11.2021 : (Vente dès début septembre)