A l’assaut de l’hiver 

Depuis la maison Espace nordique des Mosses, le sentier raquettes qui monte à Pra-Cornet est balisé, assez exigeant, mais de loin le plus spectaculaire. Après avoir dépassé la Colonie de Lutry, on file d’abord en pente douce à travers les pâturages. Ambiance Grand Nord garantie entre sapins et même mushers qui risquent fort de croiser votre route.

Le chemin trace ensuite vers le fond de l’Hongrin avant de s’enfoncer dans la féerie de la forêt. Lutins sculptés et chant du ruisseau allégeront l’effort et vous escorteront jusqu’en haut: le balcon de Pra-Cornet (1670 m), véritable plateau panoramique dont il vaut la peine de faire le tour pour dévisager les sommets, Mont-d’Or, Gros-Van, Pic-Chaussy... avant de redescendre par les Ciernes. À moins que l’envie ne vous prenne de cueillir un conte au clair de lune, proposé certains soirs par le refuge de Pra-Cornet.

Avec ses 100 km de piste, la ­vallée de Conches est le rêve blanc de tous les fondeurs. Douze villages traditionnels s’alignent le long du Rhône, avec une authenticité préservée et quelques trésors gastronomiques à picorer au passage en temps normal. On peut ainsi mettre ses spatules dans les rails et fendre l’air sur des ­circuits de tous niveaux et de toutes longueurs, dont un (entre Ulrichen et Ober­gesteln) est même éclairé jusqu’à 21 h 30.

En outre, la Rottenloipe permet de glisser sans soucis et presque sans fin d’Oberwald jusqu’à Niederwald, sur une vingtaine de kilomètres. Idéal pour profiter du magnifique paysage hivernal de la vallée de Conches! De quoi arriver en beauté à Niderwald, lieu de naissance de César Ritz - à qui l’on doit la création de l’hôtellerie de luxe – qui a aussi son adresse légendaire: l’hôtel-restaurant Drei Tannen, dont la bâtisse existe depuis 1642.

À proximité du village des Breuleux s’étale l’un des plus beaux pâturages boisés des Franches-Montagnes. À la belle saison, des vaches y broutent, des chevaux s’y ébrouent. L’hiver venu, des skieurs de fond y transpirent. Pour le plaisir, car la piste des Mille Sapins (circuit n° 302) est à la fois ludique et exigeante avec sa succession de bosses et de virages. Rien toutefois n’empêche de l’arpenter en douceur, à la vitesse de l’escargot de Bourgogne, histoire de bien s’imprégner de la beauté des lieux. Et si l’on ne se lasse pas de ces paysages, si l’on ­désire prolonger l’expérience, il est possible de rejoindre à partir de là d’autres parcours balisés qui ­sillonnent ce haut plateau tout en courbes délicates et harmonieuses.

Le col de la Vue-des-Alpes, entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. C’est là qu’il faut chausser les raquettes pour se lancer dans cette magnifique rando que l’on peut effectuer de jour comme de nuit. Une petite grimpette, sur un sentier avoisinant le toboggan géant de la luge d’été, marque le début de l’aventure. Celle-ci se poursuit le long d’une crête avec vue sur la chaîne alpine et les Montagnes neuchâteloises. Les amateurs des romans de Jack London éprouveront un petit frisson en parcourant ce tronçon sauvage et beau. À Tête-de-Ran, on reprend la direction de la Vue-des-Alpes, mais en passant cette fois-ci sous la crête, côté sud.

Il vaut la peine de monter dans le train qui va de La Chaux-de-Fonds aux Ponts-de-Martel. Parce qu’il traverse une large vallée frangée de ­forêts, un véritable paysage de carte postale avec pâturages et anciennes fermes neuchâteloises, qui n’a guère changé depuis l’époque des paysans horlogers. La balade à pied, elle, commence aux marais des Petits- Ponts (un car fait la liaison entre les Ponts-de-Martel et ce hameau) pour s’enfoncer au cœur des tourbières, en suivant le ruisseau du Bied, dans un décor aux réminiscences nordiques. Enchanteur et dépaysant.

Le lac Noir... A la simple évocation de ce nom, on a envie de s'immerger dans l'univers magique des contes de notre enfance. La légende dit justement que si l'eau de cette gouille du pays singinois est si sombre, c'est parce qu'un géant y a un jour trempé ses pieds. En hiver, sa surface blanchit et gèle en général pour le plus grand bonheur des patineurs.

Un chemin damé invite aussi les promeneurs à une balade romantique autour de ce lac auréolé de montagnes aux parois abruptes. Sur le chemin, vous croiserez peut-être un dragon de fer. Plus loin une grotte vous offrira un abri pour vous remettre de vos émotions ou simplement reprendre votre souffle... On vous conseille de faire un petit crochet, direction chute de Seeweidbach. A cette saison, cette cascade devrait être emprisonnée dans une gangue de glace, un spectacle qui vaut à lui seul le détour!

Du ski, oui! Mais sans files d’attente ni musique d’ascenseur. La solution? Le ski de randonnée. Aux Paccots, un itinéraire balisé «Le Creux des Tables Movement touring track» a été pensé tout spécialement pour la peau de phoque. En le suivant, on grimpe dans un décor préalpin de forêts et de pâturages enneigés jusqu’au sommet du Pralet (1568 m d’altitude). Là-haut sur la montagne, la vue sur les cimes avoisinantes et sur le lac Léman est à couper le souffle. Pour les plus hardis et entraînés, il existe également une variante plus longue (15 km) «Le Bivouac Movement touring track», qui part aussi des Paccots pour arriver au sommet du Pralet.

Attention, ces parcours ne sont ni surveillés ni sécurisés! Il est donc vivement recommandé de se munir du matériel suivant: un DVA enclenché en mode «émission», une lampe frontale, un téléphone portable, une pelle, un casque et une sonde.