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Balade

La balade du crime

La Riviera sert de décor à un polar 100% vaudois. L’occasion de découvrir la vieille ville de Montreux et d’affronter le Sentier du Télégraphe, avec au bout de l’effort, un thé gourmand à Glion.

Texte Catherine Hurschler
Photos Olivier Vogelsang
Date
Escapade; Montreux; crime; roman policier; vieille ville

Le sentier du Télégraphe, sur les hauts de Montreux, comporte plus de 1000 marches d'escaliers.

Avec le polar «Malatraix, Emmanuelle Robert signe une histoire captivante qui se déroule dans le petit monde du trail, dans les Préalpes vaudoises avec quelques incursions en terres fribourgeoises et valaisannes. L’ancienne journaliste née à La Chaux-de Fond et désormais active dans la communication, met surtout en valeur des endroits moins connus de Montreux. Ainsi, la vieille ville prend sa revanche sur le bord du lac, aimant à touristes depuis toujours. C’est dans le quartier des Planches, juste un peu en dessus de la gare, que l’auteur fait vivre certains de ses personnages. Alors bien sûr, ils sont complètement fictifs mais ils évoluent dans un décor réel qui vaut la peine d’être redécouvert.

Pour cette «balade du crime», préparez vos meilleures chaussures de marche et embarquez un peu de volonté dans votre sac à dos. Notre point de départ, c’est la Maison Visinand, à la rue du Pont 32, une bâtisse imposante du XVIe siècle classée monument historique. Aujourd’hui, c’est un centre culturel qui accueille des expositions et diverses activités créatives. On continue sur les pavés de la vieille ville en direction du Café du Grütli, reconnaissable à sa devanture jaune, comme décrit dans le polar. Sol, la commandante de police qui enquête sur les décès suspects qui surviennent à la chaîne dans «Malatraix» est voisine de ce Café, à l’ambiance familiale. On s’attend presque à la voir surgir sur son balcon, cigarette à la main.

Direction maintenant le Temple Saint-Vincent, bâti au 15e siècle. Son esplanade offre une vue splendide sur la ville et à l’intérieur, le silence résonne comme un encouragement pour la suite. Car côté route, c’est le début du Sentier du Télégraphe, avec ses 1055 marches jusqu’à Glion. Déclenchement du chronomètre, mais pas pour suivre le rythme d’un personnage qui a choisi ce chemin pour courir à travers la nature. Avant que les choses ne tournent mal pour lui, au détour d’une mauvaise rencontre.

Ce jour-là, on croise des promeneurs et des sportifs à l’entraînement, et on découvre que ce tracé vertical, taillé dans la forêt pour faire passer la ligne du télégraphe de l’Hôtel du Righi Vaudois avant 1895, était également un terrain de fitness pour l’impératrice Sissi, jusqu’en 1898. Faisait-elle mieux que nos 37 minutes? Un coureur essouflé fait le bilan de sa montée, en 12 minutes. «Quand je suis en forme, j’arrive à la faire en 7 minutes», nous confie-t-il. On le laisse à ses records pour profiter de la nature et cette vue inédite qui nous permet de voir l’autoroute de haut.

Dans «Malatraix», personne n’arrive jamais au sommet de ce Sentier, mais évidemment il est hors de question de faire demi-tour. L’objectif, c’est un thé gourmand à l’Hôtel Victoria, pour un coup d’oeil imprenable sur la Riviera et le lac Léman. Dès 1870, connu alors sous le nom d’Hôtel du Midi, l’établissement accueille surtout des randonneurs mais il se transforme très vite en un cocon de luxe pour une clientèle aisée. Encore aujourd’hui, il y règne une ambiance feutrée, douce et réconfortante pour se remettre des efforts fournis sur le Sentier du Télégraphe.

Pour redescendre sur Montreux en toute sécurité, surtout si les conditions météo sont humides, le meilleur moyen reste de prendre le petit train à crémaillère qui part de Glion. De retour dans le quartier des Planches, on en profite pour faire un tour dans les commerces locaux, notamment Chez Nanie, une épicerie bio mentionnée dans «Malatraix» pour la qualité de ses produits. «Vous me l’apprenez, je n’ai pas encore eu le temps de lire, c’est mon projet pour mes congés de fin de d’année», nous confie la patronne. 

Malatraix, Emmanuelle Robert, éd.Slatkine, Genève, 2021

Infos pratiques

Durée approximative de la balade au départ de la Maison Visinand: 1h 20, pour 6 km.

Le Sentier du Télégraphe représente 200 m. de dénivelé positif

Avertissement: c’est un sentier de montagne, inadapté aux enfants trop petits ou aux poussettes

Hôtel Victoria: rte de Caux 16, 1823 Glion

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