Quel est le risque principal lors d’un tatouage ?
S’il est fait dans de bonnes conditions d’hygiène chez un tatoueur habile, les risques sont très faibles. Les infections sont rarissimes. Le risque principal, c’est l’allergie aux couleurs, que personne ne peut prévoir. Il faut savoir que les couleurs, notamment le rouge, provoquent beaucoup plus souvent des allergies que le noir. En trente ans de carrière, je n’ai vu qu’une seule allergie au noir.
Quel est l’effet sur une peau très jeune ?
Mis à part le fait que les mineurs doivent avoir l’accord parental, le pigment ne pose pas plus de problème sur une peau jeune. On peut se faire tatouer à tout âge, même à 80 ans !
Est-ce que certaines peaux sont plus sujettes à complications?
Non. La plupart des catastrophes surviennent à cause de mauvais tatoueurs, qui font n’importe quoi au niveau du dessin et de la technique. D’où l’importance de bien se renseigner auprès de connaissances, de regarder les sites sur internet, de se donner un temps de réflexion, d’observer l’hygiène du studio de tatouage, et d’aller dans les conventions, qui rassemblent des artistes renommés.
Déconseillez-vous certaines zones du corps ?
Pour un premier tatouage, je déconseille les zones visibles : dos des mains, cou, visage. Pour des raisons professionnelles, le tatouage peut être mal vu. Il y a vingt ans, j’avais beaucoup de policiers genevois, qui venaient se faire détatouer les avant-bras au laser, car la loi à l’époque interdisait les tatouages plus bas que les manches de tee-shirts. De même certaines compagnies aériennes ne permettaient pas au personnel navigant d’avoir des tatouages visibles. J’ai eu beaucoup d’hôtesses qui venaient se faire enlever des petits dessins sur les chevilles. Mais sur un plan dermatologique, vous pouvez vous tatouer de la tête aux pieds !
Avez-vous beaucoup de tatoués repentis ?
Comme le tatouage se démocratise depuis dix ans, j’ai de plus en plus de gens qui regrettent, soit 5 à 10% de ma clientèle. Certains patients veulent enlever la charge toxique des pigments, qui contiennent divers composants dont des métaux, comme le fer, le zinc, le cuivre, le titane. Mais quand je détatoue au laser, je fragmente le pigment et ces petites particules partent dans le système lymphatique. Le laser efface les pigments visibles, mais les particules restent dans les ganglions, à l’intérieur du corps. Il ne les élimine pas.
Est-ce qu’on peut tout effacer ?
Ça dépend de la technique, de l’encre utilisée, le noir s’efface beaucoup mieux. Si le tatouage est mal fait, s’il est baveux, il est beaucoup plus difficile à éliminer. Il faut bien se rendre compte que, pour enlever un tatouage, il faut huit à douze séances de laser, sur plusieurs années. Un tatouage coûte une centaine de francs, mais l’effacer coûte parfois plus de 2000 francs ! Le laser ne laisse aucune marque, si le travail a été bien réalisé. Mais si une cicatrice a été faite au moment du tatouage par une mauvaise technique, elle va rester sous forme plus claire. C’est ce qu’on appelle un tatouage fantôme.