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Escapade

Dans l’émeraude du lac Lioson

Pour ouvrir la saison des randonnées automnales, cap sur les lacs de moyenne montagne. Qui nous en font voir de toutes les couleurs ! 

Texte Patricia Brambilla
Photos Christophe Chammartin
Date
Balade dans les premières couleurs de l’automne,  Lac Lioson, au-dessus du col des Mosses.

Balade dans les premières couleurs de l’automne, Lac Lioson, au-dessus du col des Mosses.

Qui veut grimper au lac Lioson doit tourner le dos aux remontées mécaniques, qui lacèrent le flanc des Gros et Petit Van. Bien sûr, ce lac de montagne ultra connu des promeneurs du dimanche peut s’atteindre assez facilement en voiture, un parking étant situé en contrebas (à 35 minutes de marche). Mais on peut aussi réaliser une boucle parfaite, et empoigner les bâtons dès le col des Mosses. Le petit chemin goudronné qui s’échappe à travers les appartements de vacances plonge vite dans les pâturages, où ne flottent plus en cette saison que les têtes hautes et roses des renouées bistortes. Le chemin est bien balisé, mais mieux vaut suivre toujours la direction Lac Lioson via Pra Cornet pour une montée digressive, en douceur et particulièrement bucolique.

On traverse ainsi des paysages typiques des Préalpes, vallonnés à ravir, avec quelques collines huppées de sapins et le bruit régulier des sonnailles. On monte à peine, puis on redescend suivant un petit lacet de goudron (chemin des Preisettes), qui sautille à travers les pâturages en longeant une forêt. L’herbe vire déjà à l’ocre par endroits, sonnant le glas de l’été.

Terrain de jeu des mycologues

Une fois traversé le ruisseau, qui court vers l’Hongrin, on reprend l’ascension dans un fumet de sous-bois et de champignons. D’ailleurs, un bataillon de cueilleurs quadrille justement la zone, panier au bras. Les mycologues du jour sont en fait en semaine de formation avec la VAPKO (association suisse des organes officiels de contrôle des champignons) et ramassent tout ce qu’ils trouvent pour les vertus de la connaissance plutôt que la cassolette. Bolets à beau pied, clitocybes géotropes, écailleux, cortinaires, amanites sont ensuite déposés et classés dans l’herbe à la façon d’un tableau d’entomologiste.  

Tandis qu’un petit écureuil noir semble écouter de loin le cours de mycologie, on bifurque à droite sur un sentier forestier, qui glougloute sous les épicéas. L’ascension est vite agrémentée par des sculptures en bois, sorcière, lutin, loup et autre sage des forêts à longue barbe. La porte des conifères s’ouvre soudain sur un pâturage, le replat de Pra Cornet, où flotte le petit drapeau de la buvette des Charmilles. Cinq tipis attendent le dormeur aventureux, tandis qu’au loin se dresse la molaire de la Gummfluh.

Ce haut plateau est un paradis pour les yeux, une place de jeux pour les fondeurs en hiver, et aussi le dernier point de ravitaillement avant la grimpette. Un self-service La Roulinette propose à point nommé ses produits du terroir, fromages d’alpage, caramels et pommade de consoude (excellent anti-inflammatoire !). S’y trouve aussi le charmant refuge de Pra Cornet, ouvert qu’en hiver (fin novembre à mi-avril), auquel on tourne le dos pour attaquer le rush final. Un solide rec, qui serpente sous la muraille. On croit atteindre le lac en arrivant en haut, mais non ! Il faut encore s’enfiler sur un sentier herbeux, qui a le mérite d’être plat, traverser un pâturage aux rumex calcinés par la canicule, franchir un portail qui, croit-on, ouvre enfin sur la gouille bleue… mais non, il déboule sur l’abîme.

Dernier raidillon avant le paradis

Le sentier se fait soudain terreux, étroit, à flanc de coteau, avec une jolie dérupe sur la droite, heureusement masquée par de petites frondaisons. Les rondes Préalpes ont aussi leurs à-pics, leurs vertiges cachés sous les crêtes. On garde donc le pied attentif et, le temps d’une dernière montée, surgit soudain, comme par magie, le lac Lioson. Il est là, petite perle verte enchâssée dans les crocs du Châtillon. Silence parfait à part le souffle râpeux des vaches et les cris de marmottes qui ricochent dans l’éboulis, là où la montagne vomit son lot de grenaille. Il faut faire le tour du lac (vingt minutes) pour en mesurer l’étendue, plus grande qu’au premier abord, avec ses grèves quasi balnéaires, sa peau irisée, ses profondeurs émeraude, turquoise et réséda, bourrées d’alevins. Les pêcheurs d’ailleurs ne sont pas loin. Mais ce jour-là, aucune truite ne se profile au bout de la cuillère…

Les infatigables mollets attaqueront le Pic Chaussy (1h30 jusqu’au sommet), les autres amorceront le retour par la route, juste à côté du restaurant. Une descente moins bucolique, mais totalement efficace.

Carnet de route

Départ et arrivée: col des Mosses (VD) en passant par le lac Lioson.

Comment s’y rendre : en voiture jusqu’à Aigle, puis suivre Ollon, col des Mosses. Parking gratuit au col. En train jusqu’à Aigle, puis changer pour Le Sépey, et bus TPC jusqu’au col des Mosses. Infos sur www.tpc.ch

Durée : 3.30 heures (sans les pauses)

Distance : 9,1 km

Dénivelé : 533 m montée/descente

Difficulté : niveau T2, balisé blanc-rouge-blanc

Pour les enfants : petit parc animalier avec poules naines, lapins et lamas, à côté du restaurant du lac.

Jolies teintes

Lac Vert

342579

Une grande virée panoramique, plutôt exigeante, sur les lieux d’estive du val d’IIliez (VS). On monte en télécabine depuis Champéry jusqu’à la Croix-de-Culet, où un restaurant panoramique tutoie les Dents-du-Midi. Il faut ensuite attaquer la montée jusqu’aux Portes de l’Hiver, un haut plateau de bergers où scintille l’idyllique lac Vert (1973 m.). Le refuge de Chésery, ancienne étable du 19e siècle, y propose de savoureux produits locaux (fermé en hiver). Compter quatre heures pour la boucle, mais possibilité de raccourcir le parcours grâce aux remontées mécaniques.  

Lac Bleu

342578

En partant du hameau de La Gouille, entre Evolène et Arolla (VS), on s’offre une solide mais courte grimpette (1km et 250 m de dénivelé) à travers mélèzes puis rhododendrons. On est toujours content d’apercevoir la buvette Chez Léon (crêpes et raclettes), puisque le lac Bleu (2090 m.) est juste derrière. Turquoise, limpide et d’une beauté magique. La descente par le hameau de Lu Vartsé vaut le détour.  

Lac Noir

342580

Parfait pour une sortie en famille, le tour du lac Noir (FR) se fait en deux heures et même avec une poussette. Un endroit chargé en contes et légendes, qui veut que les eaux sombres doivent leur couleur à un géant qui s’y serait lavé les pieds… Sentier de la sorcière, dragon, cabane, tout y est pour amuser les plus petits. Les plus grands s’éclateront avec la luge d’été et les trottinettes.  

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