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Excursion

Un week-end parfait en Valais

Un séjour à Saint-Luc permet de découvrir un village magnifiquement préservé, d’aller explorer le val d’Annivers à la beauté sauvage et de plonger dans les nouveaux bains de la station.

Texte Pierre Wuthrich
Date
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Accroché aux flancs de la montagne, dans le val d’Anniviers, Saint-Luc a conservé toute l’authenticité d’un village valaisan.

L’héritage en partage

À la différence de Verbier ou Crans-Montana, Saint-Luc a su marier avec intelligence développement touristique et préservation du patrimoine. «Il existe bien sûr des réglementations communales strictes qui empêchent certaines constructions, mais il y a surtout une forte volonté de la part des habitants de préserver leur ­village», constate Simone Salamin, qui fait visiter le vieux Saint-Luc aux hôtes de passage. Ainsi, le cœur historique a pu être magnifiquement conservé et reste entrelacé de ruelles typiques, que le trafic automobile doit contourner. Quant aux nouveaux chalets, ils s’intègrent harmonieusement aux constructions les plus anciennes, ­datant parfois du début du XVIIIe siècle.

«La plupart des maisons ont toutefois été construites après les deux incendies de 1845 et 1858. Il s’agit de bâtisses en pierre dont l’ancienne cure ou le tout premier hôtel Bella Tola. Juste à côté, ne manquez pas la maison bourgeoisiale, en mélèze cette fois, qui abritait l’école des garçons, et le four banal. Une fois par an, durant une semaine, les habitants viennent y cuire leur pain pour leur plaisir. Autrefois, les anciens le faisaient par contre pour survivre.» Un peu plus loin, voici au bord d’un petit torrent fougueux le lavoir où les femmes lavaient le linge familial avant l’arrivée de l’eau courante dans les habitations, et quelque peu à l’écart du village un remarquable ensemble de moulins et foulons du XVIe siècle. On y travaillait le maïs, l’orge, le seigle et le froment notamment.

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Les lavandières en cuivre, réalisées par Frido Pont, évoquent l’époque où les femmes venaient au lavoir laver le linge familial (photo: DR).

De raccards en greniers et de vieilles écuriesen ancienne laiterie, un parcours historique, dont une brochure est disponible à l’office du tourisme, permet de découvrir cet héritage, tout comme les visites guidées distiées par Simone Salamin et deux autres collègues. «Les anciens ont fait preuve d’un grand courage en reconstruisant deux fois Saint-Luc et en organisant leur vie entre les vignes de la plaine et les prés des montagnes. Il m’importe de faire découvrir ces trésors qui témoignent de ce passé.»

Infos: www.valdanniviers.ch

En haut, c’est beau

Généreusement ensoleillée, la région s’avère un grand terrain de jeu pour les randonneurs, ­notamment les hauts du village que l’on atteint confortablement en funiculaire ou plus sportivement à pied. Nous optons pour la seconde option, car le sentier des cascades promet d’être enchanteur avec sa série de chutes d’eau que l’on entend loin à la ronde.

Le point de départ se trouve au gîte du Prilet, quelque peu à la sortie de la station. Après un ­premier tronçon riche en beaux ­épilobes aux fleurs pourpres au moment de notre passage, le sentier ­s’enfonce dans une épaisse forêt de résineux pour rejoindre le ­torrent des ­moulins qu’il nous faut maintenant remonter. 

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Une succession de chutes d’eau agrémente la randonnée (photo: DR).

Avouons-le: la balade n’est pas conseillée aux familles avec enfant en bas âge ni aux personnes manquant d’entraînement. Car la montée (environ 500 m de dénivelé pour une longueur de 2 km à peine) est ardue et le ­chemin parfois glissant. Mais les ­efforts sont payants. Car le ruisseau se jette de la montagne en une succession de cascades ­photogéniques que viennent ­interrompre des bassins naturels romantiques. De plus, la présence de nombreux myrtilliers permet de faire le plein d’énergie en grappillant ces délicieux petits fruits au goût intense. À noter que la présence de rhododendrons sauvages et de mélèzes indique que la ­promenade sera belle et colorée au printemps comme en automne.

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Le chemin des planètes présente une représentation à échelle réduite du Système solaire (photo: Estelle Dorsaz).

Arrivé juste au-delà de la limite des arbres, au lieu-dit le Chalet blanc de Toûno, le sentier part sur la gauche et permet, à plat cette fois, de rejoindre l’observatoire ­François-Xavier Bagnoud (à 3 km environ) et la station sommitale du funiculaire de Saint-Luc en ­empruntant une partie du chemin des planètes.

Infos: www.migmag.ch/sentier-cascades et www.migmag.ch/sentier-planetes

Des bains face au Cervin

Le Grand Hôtel du Cervin, qui s’élève en plein centre de Saint-Luc dans un écrin de verdure de 7000 m2, cache bien son jeu. Tout d’abord car ses élégantes façades néoclassiques n’abritent pas un ­palace, comme le nom pourrait le laisser entendre, mais une toute nouvelle auberge de jeunesse. Et ensuite, car ses murs de soutè­nement dissimulent les ­nouveaux bains publics ouverts ­depuis fin ­juillet.

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Libéré en septembre 2022 de ses échafaudags, le grand hôtel présente désormais des façades qui ont retrouvé leurs couleurs d’origine (photo: DR).

C’est à Olivier Salamin, ancien président des remontées mécaniques de Saint-Luc / Chandolin et aujourd’hui vice-président de la ­société anonyme propriétaire de l’hôtel, que l’on doit le sauvetage de la vénérable bâtisse datant de 1893. «J’ai pu convaincre une trentaine de propriétaires de résidences secondaires d’investir dans ce vaste projet de rénovation. Nous avions tous à cœur de sauvegarder ce ­patrimoine, de le rendre accessible au plus grand nombre en en faisant une adresse abordable et surtout de faire classer l’hôtel monument historique, ce qui a été fait. Cela vaut toutes les étoiles du monde.»

Véranda, salon de lecture ou ­fumoir ont donc été restaurés avec le plus grand soin en ­respectant les coloris d’origine et en ­reproduisant les anciennes ­tapisseries. Et dans les étages, on retrouve la structure des chambres de l’époque mais avec des occupations allant de 2 à 6 lits.

copyright:  ©samueldevantery.com

Au sous-sol du Grand Hôtel du Cervin se trouvent des bains et un espace bien-être avec en bonus un panorama imprenable sur la vallée (photo: samueldevantery.com).

Le sous-sol est lui complètement nouveau. «La commune s’est ­associée à notre projet et y a construit des bains ouverts au ­public», poursuit Olivier Salamin. On y trouve une piscine de 20 m, un sauna, un hammam, une zone de massage et différents types de douches sensorielles en plus d’un espace de repos – le tout sur une surface de 450 m2. De larges baies vitrées autorisent une vue magnifique sur le village, le val ­d’Anniviers et bien sûr, au loin, le Cervin. De quoi concurrencer les piscines de ­Zermatt. «Le retour des premiers usagers est très positif», se réjouit Olivier Salamin, pas peu fier d’avoir pu mener à bien un projet qui a ­débuté en 2015 déjà.

Infos: grandhotelducervin.ch

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