Que faites-vous pour aider les jeunes en difficulté?
Nous pouvons compter sur un formateur interne pour les accompagner. Certains patrons exigent des candidats qu’ils aient suivi des voies pré-gymnasiales. Moi pas, j’engage aussi des jeunes qui ont fini leur scolarité avec des notes passables, s’ils sont motivés. Nous les aidons ensuite un peu plus. Je trouve que le relèvement des exigences pour l’apprentissage est une erreur. Nous le payons aujourd’hui, avec le manque d’ouvriers qualifiés.
Pourquoi est-ce une erreur?
Ces vingt dernières années, on a même fait le contraire de ce qu’il fallait faire! L’accès au gymnase a été facilité et, dans le même temps, on a resserré les boulons pour l’accès à l’apprentissage. Aujourd’hui, certaines formations techniques requièrent des compétences poussées en mathématiques. Il faut par exemple avoir de bons résultats scolaires même pour des métiers exclusivement manuels. Durant la scolarité obligatoire, certains enseignants ont tendance à pousser les jeunes vers les études, même ceux qui ne sont à priori pas destinés à la voie académique. Et qui manquent ensuite aux arts et métiers.
Que préconisez-vous?
Il faudrait relever le niveau d’accès au gymnase. Les jeunes qui y parviennent y seront davantage à leur place. Car ceux qui interrompent ce cursus concurrencent aussi souvent les 15-16 ans à la recherche d’une place d’apprentissage au sortir de l’école. On pourrait aussi organiser des campagnes avec de grands noms de l’économie qui ont commencé par une formation duale. Car c’est aussi une très belle voie pour devenir son propre patron! Enfin, les filières professionnelles doivent adapter le niveau d’enseignement, afin que des jeunes qui ne brillent pas scolairement aient aussi une chance et ne soient pas laissés sur le bas-côté.