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Métier

10 questions à une esthéticienne

La beauté et le bien-être, c’est son affaire! Roxane D’Addario ne se contente pas d’exercer son métier avec passion à La Tour-de-Peilz (VD), elle se bat aussi pour que sa profession soit mieux reconnue.

Texte Ariane Gigon
Date
Roxane D'Addario, esthéticienne et Présidente ASE CFC. Renens, Suisse, le 6 janvier 2023.

Roxane D'Addario, esthéticienne et présidente de la section romande de l'Association suisse des esthéticiennes avec CFC.

1. Quelles sont les qualités indispensables à l’exercice de votre métier?

Il faut être douce et méticuleuse, aimable, avenante, bienveillante, mais aussi très patiente. Il faut aimer toucher et être en contact direct avec les gens, être à leur écoute, disponible. Il faut également être en bonne santé, avoir une bonne vue et une bonne condition physique, puisque nous passons des heures debout.

2. Le métier a-t-il changé ces dernières années?

Énormément. Il a évolué grâce à la technologie et aux développements d’appareils performants qui permettent de proposer de nouvelles prestations et soins esthétiques. Le public, lui aussi, a beaucoup changé. On vient déjà très jeune chez l’esthéticienne. La clientèle est très exigeante et veut des résultats immédiats et sur le long terme. Le nombre d’instituts a explosé. Aujourd’hui, il faut se démarquer, faire du marketing et se faire connaître via les réseaux sociaux. Le rendement, avoir le plus de clients possible en un temps record, puis surtout la ventede produits et le conseil à la clientèle, tout cela fait désormais partie intégrante de notre travail. Mais malgré cela, la clientèle reste fidèle.

3. Avez-vous déjà dû «réparer» des mauvais traitements?

Malheureusement oui. Certaines esthéticiennes utilisent des appareils sans être correctement formées pour exercer. Et certaines pratiques sont dangereuses. Le métier d’esthéticienne n’est pas protégé et l’Association suisse des esthéticiennes CFC se bat pour la reconnaissance des compétences professionnelles des praticiennes qualifiées. Heureusement, une nouvelle loi fédérale prévoit que, à partir du 1er juin 2024, seules les personnes titulaires d’une attestation de compétences pourront utiliser certains appareils lasers, qu’on emploie par exemple pour traiter l’acné, la cellulite, les cicatrices ou encore pour épiler. 

4. Certains clients sont-ils plus compliqués que d’autres?

«Compliqué» n’est pas le bon mot, mais il faut accorder une attention particulière et bienveillante aux jeunes filles par exemple, souvent timides. Elles peuvent être mal à l’aise, ayant peur de la douleur ou de se déshabiller.

5. Quels sont les soins les plus demandés?

Ce qui est demandé aujourd’hui, ce sont les prestations censées permettre de toucher à la perfection esthétique! (Rires). L’épilation définitive, les ongles artificiels, le rehaussement des cils et la pose de faux cils, la dermopigmentation, les traitements remodelants et amincissants du corps sont très en vogue.

6. Comptez-vous beaucoup d’hommes parmi vos clients?

Oui, il y a de plus en plus d’hommes qui prêtent attention à leur apparence et qui vont chez l’esthéticienne d’eux-mêmes ou sont envoyés par leur compagne. Avec les hommes, nous avons une règle très claire: nous n’épilons pas la zone intime. Pour cela, ils doivent se rendre dans des instituts spécialisés en soins pour hommes. Nous voyons aussi des jeunes hommes parmi les apprentis, mais, en général, un par volée sur 40 à 50 certificats délivrés sur toute la Suisse romande chaque année.

7. La relève est-elle assurée?

Oui et non! Beaucoup de jeunes filles souhaitent apprendre le métier, mais il n’y a pas assez de formatrices en Suisse romande, ni de places d’apprentissage. C’est pourquoi beaucoup se tournent vers des écoles privées. Le métier d’esthéticienne est souvent idéalisé. Il ne consiste pas qu’à maquiller et poser des paillettes... Notre métier est à faire par passion et avec passion, car le salaire n’est pas très attractif. Aujourd’hui, les barèmes commencent à 3800 francs après l’obtention du CFC, pour atteindre 4500 francs avec un brevet fédéral. En tant que présidente de l’Association suisse des esthéticiennes avec CFC, je m’engage à protéger et défendre les valeurs de qualité de notre belle profession.

8. Est-ce que les programmes d’apprentissage s’adaptent?

Nous sommes en train de procéder à la révision totale de l’ordonnance de formation, en collaboration avec nos collègues alémaniques et italiennes. Étant donné l’évolution de la profession, il est nécessaire de remettre à jour les directives d’examens afin que toutes les esthéticiennes suisses pratiquent de la même manière et aux mêmes conditions d’exigences. Par exemple, certains soins de base actuellement inclus dans le cursus de formation sont remis en question, comme la pose de vernis simple ou le soin du buste, qui s’est déjà presque totalement perdu.

9. En tant qu’esthéticienne, comment voyez-vous vos semblables?

Il est vrai que je vois certains détails auxquels, probablement, les non-professionnels ne font pas attention. Bien évidemment, mon regard est toujours porté sur l’autre avec l’envie de lui apporter un soin pour l’embellir.

10. Que pensez-vous de la revendication de certaines femmes de ne pas s’épiler?

Certes, il y a un retour en arrière vers le naturel, mais ce n’est pas en faveur de notre métier! (Rires). Pour ma part, je n’aime pas les poils. Sinon je n’aurais jamais fait ce métier.

Bio Express

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Agée de 34 ans, Roxane D’Addario a su très jeune qu’elle voulait devenir esthéticienne. Elle a obtenu un premier diplôme d’esthéticienne dans une école privée à 16 ans. Après une formation supplémentaire et l’obtention d’un CFC d’assistante en soins et santé communautaire, elle est retournée à sa passion en devenant esthéticienne qualifiée CFC en 2019. Depuis juin 2022, la Vaudoise, mère de deux enfants, préside l’Association Suisse des esthéticiennes avec Certificat fédéral de capacité. Elle suivra prochainement les cours pour devenir experte aux examens finaux.

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