Raphaël Niederhauser, vous êtes arrivé en Turquie quelques heures après la fin du séisme. Quelle était la situation sur place?
Nous étions à Antakya, là où se situait l’épicentre. Nous avons tous été surpris par l’ampleur du désastre. La ville est rayée de la carte. Tout est détruit loin à la ronde et les rares bâtiments encore debout sont inhabitables. C’était ma troisième mission comme sauveteur, mais je n’avais encore jamais vu de telles scènes. Les gens dorment dans les voitures et allument des feux dans la rue, car les nuits sont très froides, avec un thermomètre qui affiche -8 degrés.
Concrètement, comment travaillez-vous?
Les Suisses ont été les premiers à arriver sur place. Nous avons donc commencé à définir différentes zones ne présentant pas de danger où l’on pouvait entreposer notre matériel et d’où nous avons commencé notre recherche. Comme il faut aller très vite, nous travaillons simultanément avec des chiens, des caméras et des sondes acoustiques pour repérer les survivants. Nous demandons alors aux familles qui attendent aux abords de ne plus faire aucun bruit. Immédiatement, on passe alors d’un énorme brouhaha à un impressionnant silence de mort. Dès qu’une trace de vie est repérée, nous commençons à creuser des galeries que nous devons étayer mètre après mètre. Il faut à chaque fois plusieurs heures pour sauver une personne.