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1948

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La grande tentation

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Avec l’introduction du libre-service, Migros se voit confrontée à un phénomène nouveau: le vol à l’étalage. Par des «mesures de prévention adaptées», on tente de maîtriser le problème. En complément des miroirs de surveillance positionnés ça et là, Migros mise surtout sur un contrôle mutuel entre les clients. Un millier de délits environ ont été détectés avec le concours de clients. Longtemps, le vol à l’étalage se heurte à un grand vide juridique. Le Tribunal fédéral ne statue sur la question qu’en 1964: le vol à l’étalage ne constitue pas un simple abus, mais un délit qui doit être sanctionné par des peines plus sévères. En 1971, l’Institut Gottlieb Duttweiler (GDI) organise une conférence sur le thème du vol à l’étalage. Elle réunit des psychologues et des politiciens autour du directeur de la police criminelle de Zurich, qui dispose d’un registre de police de 21 000 vols à l’étalage. L’inventaire donne à réfléchir: alors que le nombre de vols et la valeur des biens volés augmentent, le pourcentage des cas non recensés atteint 95%. Le manque à gagner se situe entre 0,5 et 2%. Au hit-parade des objets volés: la viande fraîche, le chocolat, la lingerie, le beurre, le fromage, les vêtements pour enfants, les porte-monnaies, les bas et la papeterie. Les psychiatres désignent comme principales responsables «les méthodes publicitaires et les techniques de vente actuelles» qui représentent une tentation permanente pour les «personnes instables», chez qui «la barrière de la raison, de la morale ou de la conscience souvent ne fonctionne pas». Le gouvernement exige une éducation qui fasse bien prendre conscience aux enfants «que même les petits vols sont défendus», ainsi qu’une réglementation claire dans la législation pénale.