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Mireille Keita-Gilgien assiste à la création d'un tatouage au henné

Pour-cent culturel

Au coin le chacun pour soi!

À L’école des liens imaginée par Mireille Keita-Gilgien et soutenue par le Pour-cent culturel Migros, Suisses et migrants seront à la fois enseignants et étudiants. De quoi favoriser le vivre-ensemble.

Texte
Pierre Wuthrich
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Matthieu Spohn
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Nos actions

Un sourire aussi large que des bras grands ouverts, un rire communicatif qui dériderait le plus aigri des mal lunés et une énergie aussi débordante qu’intarissable… Voilà comment l’on pourrait décrire Mireille Keita-Gilgien. Ajoutez à cela que cette vitalité est mise au service des autres, et vous aurez en face de vous un être qui vous redonne foi en l’humanité. «Offrir du bonheur et voir des gens heureux autour de moi, c’est le carburant qui fait fonctionner mon moteur», explique la virevoltante Malienne, arrivée à Baulmes (VD) par amour il y a vingt ans.

Pourtant, ses débuts en Suisse, n’ont pas été faciles. «On peut vite tomber dans la solitude ici. Du coup, je me suis dit que je devais aller vers les autres, car personne n’allait venir à moi.» Depuis, Mireille Keita-Gilgien ne cesse de favoriser les échanges entre ceux d’ici et ceux d’ailleurs à travers son association Solidarité Afrique Farafina.

Son dernier projet en date s’appelle L’école des liens et est soutenu par le Pour-cent culturel Migros à hauteur de 40’000 francs. «Quand un migrant arrive en Suisse, il ne fait qu’apprendre, apprendre et apprendre. J’aimerais toutefois qu’il puisse aussi transmettre son savoir.» D’où l’idée de cette structure inédite ouverte à toutes et tous, où les nouveaux arrivés deviennent des enseignants, tout en étant aussi des étudiants. «Le but est de prendre le meilleur de chaque culture et d’avancer ensemble.» Ainsi, une femme pourra enseigner la broderie turque et suivre des cours de français donnés par un Vaudois qui pourra assister à une initiation de danse sénégalaise. «Je souhaite, de plus, que les personnes âgées soient de la partie, car elles sont souvent seules et ont une foule de connaissances à nous offrir.»

Actuellement à la recherche d’un local, Mireille Keita-Gilgien utilisera l’argent reçu pour l’aménager et payer les premières locations. De quoi assurer le lancement du projet. À cette aide financière, le Pour-cent culturel Migros ajoute une mise en réseau afin que les responsables des projets lauréats de son concours d’idées «La Suisse dans toute sa diversité», dont fait partie L’école des liens, puissent échanger leurs expériences. «La rencontre a été très instructive. Nous avons pu parler de nos problèmes respectifs et découvrir quelles solutions étaient envisageables. Je n’avais par exemple pas pensé à l’idée de créer un groupe WhatsApp pour annoncer les cours.»

Mireille Keita-Gilgien dans la cuisine avec d'autres femmes.
Mirelle Keita-Gilgien (au milieu de l'image): «Cuisiner ensemble permet de briser rapidement la méfiance qu’il pourrait y avoir envers l’autre.» © Matthieu Spohn

Mélanger les saveurs – partager les savoirs

Dans son école, Mireille Keita-Gilgien intégrera un projet qu’elle a lancé en 2019, «Bienvenue chez moi», où deux familles, l’une suisse et l’autre issue de la migration, se rencontrent et préparent un plat de leur pays avant d’imaginer une recette commune. «Cuisiner ensemble permet de briser rapidement la méfiance qu’il pourrait y avoir envers l’autre.»

Chaque année, une dizaine de binômes tentent l’expérience. Christel et Alexis Benitez-Varone sont de ceux-là et n’ont pas regretté d’avoir ouvert la porte de leur maison. «C’était très enrichissant. La famille ivoirienne que nous avons reçue avait cuisiné une sorte de couscous de manioc appelé attiéké et nous avions préparé un plateau apéritif avec du fromage de la région. Le plat commun est devenu un swisstiéké que nous avons imaginé sous forme de boulettes enrichies de crème, lardon et œufs», se souvient Christel Benitez-Varone.

Tous les plats de cette cuisine-fusion sont ensuite présentés lors d’une grande fête à Baulmes qui célèbre le vivre-ensemble. «Dans tous mes projets, l’idée est de faire tomber les préjugés. Pour moi, il est essentiel de montrer que nous sommes tous pareils», résume Mirelle Keita-Gilgien.

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