Débat lors de l’assemblée des délégués Migros du 6 novembre à Zurich

Assemblée des délégués

La question de l’alcool passe à la prochaine étape

Trouvera-t-on du vin, de la bière et de l’eau-de-vie dans les rayons de Migros? Après un débat passionné, l’assemblée des délégués FCM a décidé samedi, à la majorité requise, de transmettre cette question aux coopératives régionales et d’ouvrir ainsi la possibilité d’une votation générale.

De
Kian Ramezani
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Les 110 délégués ont gardé le point de l’ordre du jour le plus attendu pour la fin. A 11 h 20 précises, l’heure était enfin venue: Marianne Meyer, présidente de l’assemblée des délégués, a ouvert le débat concernant la suppression dans les statuts de l’interdiction de vente d’alcool dans les magasins stationnaires Migros. Plus précisément, il s’agissait de définir si les 2,2 millions de coopérateurs Migros devaient se prononcer sur cette question lors d’une votation générale.

Marianne Meyer a commencé par souligner une fois de plus l’objet du vote à venir: les délégués veulent-ils donner aux organes régionaux des coopératives la possibilité de traiter la question de la levée de l’interdiction de vente d’alcool dans les magasins stationnaires Migros? Selon Marianne Meyer, c’est le seul point qu’il fallait trancher ce samedi. En revanche, l’avis des délégués sur la question de l’alcool ne devait pas entrer en ligne de compte à ce niveau.

L’assemblée des délégués s’est déroulée dans le respect des règles de distanciation.

Régler la question une fois pour toutes

Ursula Nold, présidente de l’administration de la Fédération des coopératives Migros (FCM), a été la première intervenante à monter sur le podium: «Je dois vous avouer que lorsque j’ai appris que cette demande avait été déposée, j’ai été interloquée», a-t-elle déclaré. Toutefois, l’administration a rapidement compris que ce débat pouvait aussi être une opportunité. «Nous pouvons maintenant régler cette question récurrente une fois pour toutes», a-t-elle expliqué. Cela étant, il est important que cela se fasse de manière démocratique, sous la forme d’une votation générale ordinaire dont le résultat est contraignant. Ce que Gottlieb Duttweiler aurait accepté. C’était là la première fois, mais pas la dernière, que le nom du fondateur de Migros, qui avait voulu cette interdiction de vente d’alcool, était mentionné. Ursula Nold a ensuite souligné que l’interdiction de la vente d’alcool a été introduite dans l’après-guerre pour des raisons de santé publique et de responsabilité sociale de Migros.

«Migros est très active dans de nombreux domaines par le biais de son engagement sociétal volontaire», a rappelé Ursula Nold. Il s’en est suivi un débat entre les délégués. Dans son exposé, l’une des initiatrices de la motion a demandé qu’une votation générale soit organisée dans les coopératives régionales et a expliqué que cette idée venait aussi de quatre autres délégués. Et si certains estiment que cette demande est une «trahison vis-à-vis de Duttweiler», d’autres, en revanche, sont d’avis que Migros manque de crédibilité étant donné qu’il est possible d’acheter de l’alcool en ligne et chez Denner, notamment. La déléguée a également fait remarquer que lorsque l’on évoque les problèmes de santé publique, presque plus personne ne pense à l’alcool. En revanche, le sucre, le diabète, la solitude sont eux des préoccupations présentes. Certes, l’alcool peut aussi se transformer en addiction. Toutefois, la grande majorité d’entre nous en consomme pour le plaisir – ce que faisait d’ailleurs Gottlieb Duttweiler.

L’identité Migros

Contrairement aux oratrices précédentes, un délégué de la coopérative Migros Aar a estimé que l’assemblée des délégués ne devait pas se contenter de passer plus loin cette «patate chaude» et décider dès aujourd’hui que l’interdiction de vente d’alcool devait rester en vigueur – les délégués étant élus pour prendre des décisions, et non pas pour déléguer. Et de poursuivre qu’à l’époque, Migros avait sciemment renoncé au chiffre d'affaires lié à la vente d’alcool. C’est ce qui rend aujourd’hui Migros unique. Abandonner sans besoin cette spécificité qui n’a pas d’équivalent dans le commerce de détail suisse et qui fait l’identité Migros n’aurait aucun sens pour lui et affaiblirait Migros.

Après que l’un des initiateurs ait répondu que la démocratie était aussi une valeur de Migros, le débat s’est terminé après une heure environ de discussion, et la présidente Marianne Meyer a demandé le vote. Pour que la demande soit acceptée, il fallait qu’au moins deux tiers des 110 délégués votent en sa faveur, soit 74. Le vote s’est déroulé électroniquement et à bulletin secret, et après deux minutes, le résultat était affiché: 85 pour, 22 contre, 3 abstentions. Sous les applaudissements des personnes présentes, Marianne Meyer a validé le oui. «C’est un signal fort pour la démocratie à Migros. Aucune autre entreprise ne dispose d’une structure participative comparable», a-t-elle déclaré.

Marianne Meyer a présidé l’assemblée des délégués d’une main de maître.

Enfin, Ursula Nold a expliqué la suite du processus. D’ici le début du mois de décembre, les différents organes des coopératives régionales Migros décideront s’ils veulent soumettre la question à leurs membres lors d’une votation générale. Si tel était le cas, celle-ci aurait lieu en juin de l’année prochaine. La communauté Migros pourrait donc connaître une année 2022 riche en événements.