En déplacement avec la femme la plus haut placée de Migros

Jour 1: Casino de Berne, Migros-Pour-cent-culturel-Classics

Mercredi soir, peu avant 20 heures. Le foyer du Casino de Berne se remplit, il pleut des cordes à l’extérieur. Ursula Nold arrive pile à l’heure. Elle se réjouit d’assister au concert du Budapest Festival Orchestra, organisé par les Migros-Pour-cent-culturel-Classics. Pour la Bernoise, il ne s’agit pas d’une obligation professionnelle, mais d’un moment précieux en compagnie de son mari. Le couple adore la musique classique.

Depuis 2019, cette femme de 56 ans préside la Fédération des coopératives Migros (FCM). Avec le président de la direction générale, Mario Irminger, elle forme le duo à la tête de l’entreprise. Et en cette centième année de Migros, Ursula Nold est sur tous les fronts. Elle serre des mains, sourit aux caméras et ne se lasse pas d’expliquer comment elle entend préparer Migros à l’avenir.

On lit souvent que depuis l’époque de son entrée en fonction, tout s’est écroulé - une affirmation qui lui fait secouer la tête: «Au cours des cinq prochaines années, nous allons investir un total de deux milliards de francs pour ouvrir 140 nouveaux magasins et en rénover 350. De plus, nous réduirons chaque année les prix de nos produits à hauteur de 500 millions de francs».

Cela ne convient pas à tout le monde. Les critiques qu’elle doit entendre sont parfois violentes. C’est surtout la vente des marchés spécialisés qui résonne encore. Mais elle ne se laisse pas décourager. «Nous devons être positionnés de manière optimale afin de pouvoir continuer à dégager chaque année quelque 140 millions pour l’engagement social», explique-t-elle alors qu’elle se glisse en coulisses pour saluer le chef d’orchestre Iván Fischer. Ce dernier est visiblement ravi, et les deux entament immédiatement la conversation. L’engagement culturel et social est important pour Ursula Nold, qui n’a de cesse de le répéter.

Cette maman de quatre enfants maintenant adultes ne s’exprime que rarement sur sa vie privée. L’accent doit être mis sur Migros et ses réalisations. Lorsqu’on l’interroge sur ses points forts, elle répond sans hésiter: «Garder obstinément à l’esprit les objectifs stratégiques tout en allant vers les gens». De bonnes qualités pour faire partie des dix coopératives régionales de Migros.

Jour 2: Magasin Migros de Romanel-sur-Lausanne

Cette dame d’un certain âge ne sait pas qu’elle vient de demander où se trouvent les oignons à la femme la plus haut placée de Migros. Ursula Nold sourit et les lui montre. Tandis qu’elle met des choux-fleurs en rayon, son chemisier orange et rouge de Migros pourrait effectivement la faire passer pour une employée de magasin. Elle apprécie beaucoup ces incursions au sein du personnel. Ce lundi en Suisse romande, elle écoute attentivement et demande comment se passe la mise en œuvre de la nouvelle stratégie. Son contact est chaleureux, même en français.

La Bernoise est douée dans les contacts avec les gens. Elle est née dans l’univers Migros, sa mère enseignait les langues à l’École-club. Elle-même a appris le métier d’enseignante, puis a formé des responsables d’école pendant 16 ans, avant de passer un Executive MBA à l’Université de Saint-Gall. Ursula Nold est profondément liée à Migros. Elle a commencé sa carrière il y a 30 ans en tant que membre du comité coopératif de Migros Aar.

Lors d’une pause café, Ursula Nold évoque la fierté de nombreux membres du personnel Migros avec lesquels elle discute ici, à Lausanne. Nombre de ces personnes ont fait leur apprentissage et travaillent depuis des décennies dans la coopérative. C’est le cas par exemple des deux femmes responsables de la boulangerie, lesquelles se partagent ce poste en job sharing depuis qu’elles sont devenues mères. «Les personnes qui travaillent à Migros sont très engagées, et cela signifie beaucoup pour moi», dit-elle tout en se dirigeant vers le rayon fromagerie.

Jour 3: Permanence Medbase à la gare centrale de Zurich, 10 h

La permanence de la gare centrale de Zurich est encore calme: la directrice médicale adjointe Barbara Oberholzer accueille Ursula Nold dans le cabinet d’urgence. Ouvert 365 jours par an, le cabinet fait partie du groupe Medbase, qui appartient à Migros depuis 2010. Ce que beaucoup ignorent, c’est que le détaillant est devenu en quelques années le plus grand fournisseur de soins médicaux ambulatoires de base en Suisse. Comment cette branche médicale s’intègre-t-elle à Migros, qui souhaite pourtant s’alléger?

«De nombreuses personnes dans ce pays ne peuvent bientôt plus supporter les coûts de la santé. Il faut que cela change», explique-t-elle. Les chiffres ont montré que les soins dispensés par les cabinets de généralistes ne représentent qu’environ 8% des coûts de la santé, mais qu’ils permettent de résoudre 90% des problèmes médicaux. Avec le groupe Medbase, l’objectif est d’assurer les soins de base avec des prestations de santé innovantes.

Ce jour-là, elle s’entretiendra avec le duo à la tête de la permanence sur la manière d’y parvenir. On parlera d’efficacité et du fait que beaucoup de femmes travaillent chez Medbase parce que le temps partiel est plus accessible dans un cabinet de groupe. Avant de partir pour son rendez-vous à la Banque Migros, nous lui demandons quelles sont les valeurs qui lui tiennent à cœur.

Tout cela, elle le trouve à Migros. «Nous sommes l’un des plus grands employeurs et nous achetons pour des milliards dans ce pays». C’est pourquoi Ursula Nold trouve très important que l’on garde un œil sur l’avenir de l’institution Migros. Plus tôt dans la matinée, elle nous a fait part de la citation qui l’accompagne toujours, celle de l’écrivaine américaine et militante des droits civiques Maya Angelou: «Les gens vont oublier ce que tu as dit et ce que tu as fait. Mais ils n’oublient jamais le sentiment que tu leur as donné». On a le sentiment qu’Ursula Nold n’oublie jamais les personnes qui se cachent derrière Migros.