Du classique qui casse les codes

Mischa Damev, pourquoi lancez-vous un nouveau format de concerts?

Le monde évolue mais la musique classique est restée figée depuis une centaine d’années avec des codes qui ont tout d’un protocole. Et le jeune public s’en détourne car il la voit comme un musée poussiéreux entouré de hauts murs, alors qu’il écoute lui-même aussi parfois de la musique classique.

Concrètement, à quoi doit-on s’attendre?

Nous organisons moins de concerts et davantage de spectacles, des expériences qui mélangent les disciplines, comme la danse et le pantomine, avec parfois des jeux de lumières spectaculaires. Ces astuces permettent de renforcer le message de l’œuvre.

Mais le compositeur a déjà tout mis dans sa partition. A-t-on besoin de ces artifices?

Une partition ne livre qu’une partie des intentions de l’auteur. Ce sont ensuite aux interprètes de faire vivre l’œuvre à leur manière. Je précise aussi que nous ne faisons rien de nouveau. Il y a trois cents ans, les concerts de Farinelli ou Paganini était déjà des shows mis en scène avec des bougies et des changements de costumes incessants.

Les musiciens acceptent-ils de sortir de leur zone de confort?

De plus en plus. Bien sûr, cela demande davantage de préparation car l’orchestre joue désormais souvent par cœur. Mais, plus il y a de travail en coulisses, plus le résultat peut être exceptionnel. De plus, les musiciens interprètent différemment les œuvres dans ces conditions, en s’inspirant par exemple des danseurs qu’ils côtoient. Un dialogue se créé.

N’avez-vous pas peur de déstabiliser le public d’habitués?

Nous avons testé le format l’an passé lors d’un concert et avons remarqué que nous avions non seulement beaucoup plus de jeunes dans la salle mais aussi que la grande majorité des habitués appréciaient ces nouveautés. Ce qui est normal à dire vrai: il est toujours bon de découvrir de nouvelles saveurs!