
Monde du Travail
14 questions posées à un boucher
Marco Eisenlohr de Micarna explique ce qu’il aime dans son métier et les préjugés auxquels il doit faire face.
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Urs Tinner occupait un poste de direction au sein de Migros Industrie. Il a choisi de le céder à un collègue plus jeune et ne l’a pas regretté un seul instant.
Tapis beige, bureau gris clair, ordinateur noir, le bureau d’Urs Tinner semble assez standard. Et pourtant, nous sommes ici dans un lieu particulier: la pièce se situe dans un bâtiment de Delica, la filiale de Migros qui fabrique de nombreux produits phares, comme les merveilles de carnaval, les glaces vanille à l’emballage orné d’une otarie, les barres de céréales Farmer ou encore les crackers Blévita, à Meilen (ZH).
Urs Tinner, 52 ans, fait partie de l’équipe de huit personnes chargée de la planification des ventes chez Delica. Leur rôle est d’anticiper la demande pour les mois à venir. Leurs prévisions déterminent les quantités de farine, de sucre et d’huile de tournesol à prévoir ainsi que le rythme de la production.
Le chef de la planification des ventes est un maillon clé de cette organisation. Un poste exigeant qu’Urs Tinner a occupé pendant plus de dix ans avant de choisir, début 2023, de se mettre en retrait. Une décision mûrement réfléchie et pleinement assumée, même s’il aimait son travail. «J’occupais un poste stratégique au sein du groupe Migros, j’étais en contact avec une multitude d’interlocuteurs. Et j’aimais aussi accompagner mes collaborateurs, je voulais que chacun puisse exploiter pleinement son potentiel», raconte-t-il.
La précision des prévisions de son équipe se vérifie directement dans les supermarchés Migros. Si, par une chaude journée d’été, les bâtonnets glacés ne viennent pas à manquer, c’est en grande partie grâce à elle. La mission de ses collaborateurs est d’autant plus complexe qu’elle ne se limite pas aux produits fabriqués à Meilen, mais qu’elle englobe aussi les quatre autres sites de production de Delica, situés à Buchs (AG), Birsfelden (BL), Taverne (TI) et Stabio (TI), où sont notamment produits le chocolat, le café, les fruits secs et le riz.
Comment peut-on prévoir la demande pour autant de denrées alimentaires? «Nous prenons en compte tous les facteurs susceptibles d’avoir une influence», explique-t-il. «Quel temps fera-t-il? Migros prévoit-elle des offres spéciales ou alors des campagnes promotionnelles? Que fait la concurrence?»
Au cours de ses dernières années en tant que chef d’équipe, Urs Tinner a accumulé de nombreuses heures supplémentaires, notamment en raison d’une restructuration complexe au sein de Migros Industrie. C’est à ce moment-là qu’il a pris la décision de céder la direction de l’équipe à un collègue plus jeune. «Il ne s’agissait pas seulement d’alléger ma charge de travail, précise-t-il. Je suis convaincu qu’un changement de direction peut apporter un souffle nouveau. C’est comme ouvrir une fenêtre pour laisser entrer de l’air frais.» Début 2023, Urs Tinner a décidé de passer le flambeau et a confié son poste à Ivan Casanova, l’un de ses collaborateurs, de treize ans son cadet, pour redevenir un membre de l’équipe comme les autres.
La décision d’Urs Tinner reste toutefois une exception dans le paysage économique suisse. Il existe plusieurs termes pour décrire ce genre de choix professionnel – on parle de carrière en arc, de downshifting ou plus simplement de lever le pied. Le principe est en revanche toujours le même: l’employé décide, plusieurs années avant sa retraite, de céder une partie de ses responsabilités, de faire volontairement un pas en arrière dans la hiérarchie. Il reste néanmoins dans l’entreprise, assurant la continuité. Et surtout, il donne à une personne plus jeune le temps de grandir dans ses nouvelles responsabilités.
Dans le cas d’Urs Tinner et d’Ivan Casanova, cette démarche a été particulièrement bien orchestrée. Pendant plusieurs mois, ils ont échangé des idées sur leur collaboration et la future organisation. Ensuite, ils ont obtenu l’aval de leurs supérieurs et intégré progressivement l’équipe au processus.
Depuis qu’il a quitté son poste de chef d’équipe, Urs Tinner n’a jamais regretté sa décision. Il a conservé son niveau de fonction et son salaire tout en disposant de plus de temps pour sa vie personnelle.
Reste une question: un tel changement de dynamique entre un chef et son ancien subordonné ne risque-t-il pas de créer des tensions? Après tout, qui n’a jamais ressenti un certain agacement envers son supérieur hiérarchique? Et n’est-il pas tentant d’exprimer ce ressentiment une fois l’équilibre des pouvoirs modifié? «Entre Urs et moi, il n’y a jamais eu la moindre tension latente», affirme Ivan Casanova. Cette transition a été fluide tout simplement parce que nous avons toujours été sur la même longueur d’onde. Et ça n’a pas changé.»
Voici des informations et des histoires concernant Migros, notre engagement et les personnes qui travaillent en coulisses. Nous sommes également à vos côtés avec des conseils pratiques pour la vie quotidienne.