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Fuad Asaad (34 ans), apprenti chez JOWA

Un réfugié apprenti boulanger chez JOWA

Un réfugié apprenti boulanger chez JOWA

Le réfugié syrien Fuad Asaad travaille dans la boulangerie Migros JOWA, où il suit une formation de boulanger. Il y fabrique des croissants, des tartes et des tourtes de Linz, et c’est là qu’il a appris à aimer le pain complet.

De
Rahel Schmucki
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Que faisons-nous?

Fuad Asaad prend deux bandes de pâte, les fait tourner en l’air puis les tresse. Quelques minutes plus tard, l’apprenti boulanger a étalé ses tresses sur le plan de travail. C’est jeudi, le jour de la production des tresses dans la boulangerie du magasin Migros de la Marktgasse à Berne.

Il n’y a pas si longtemps encore, ce jeune homme menu aux yeux bleus ne connaissait rien à la cuisson des tresses, ni au pain mi-blanc, au pain du Seeland ou encore aux baguettes, car dans son pays, on ne mange qu’un seul pain: le pain plat. En 2015, le Syrien de 34 ans a fui le nord de la Syrie avec sa femme Aisha (30 ans), sa fille Nalin (12 ans) et son fils Chazi (7 ans). Après un voyage éprouvant via la Turquie et la Grèce, la petite famille est arrivée à Berne en été. C’est là qu’est née deux ans plus tard sa seconde fille, Lina (3 ans).

Dans la boulangerie bernoise, Fuad Asaad tresse la pâte.

Dans un premier temps, le tailleur qualifié travaillait quelques heures comme auxiliaire dans un magasin bernois, sans trouver de réel emploi. Il consacrait son temps libre à l’apprentissage de la langue. Au centre d’accueil des réfugiés, il bûchait l’allemand avec une accompagnatrice bénévole. «Madame Heer me retrouvait une fois par semaine, ce qui m’a beaucoup aidé», explique Fuad. C’est elle également qui l’a emmené à un salon professionnel où il est entré en contact avec JOWA. Sur le stand de la boulangerie Migros, un collaborateur lui a expliqué tout ce que l’on apprend en suivant une formation de boulanger-pâtissier-confiseur. «Je voulais absolument retrouver un travail, et celui-ci m’a plu», déclare Fuad. Quelques semaines plus tard, il a reçu une réponse positive pour un apprentissage accéléré (AFP) de boulanger-pâtissier-confiseur chez JOWA. L’été dernier, il a terminé la formation de deux ans.

Son propre pain de roses

Un pain rond avec des sculptures florales

Durant la pause-café, il se confie: «Depuis que je suis chez JOWA, je ne mange plus de pain plat. J’adore le pain en Suisse.» Sur son téléphone portable, il nous montre fièrement des images d’un pain qu’il a créé pour l’examen final, «un pain de roses». On y retrouve une jolie œuvre d’art: un pain mi-blanc rond, décoré sur les côtés d’un motif tressé et, en haut, de trois petites roses en pâte à pain. Fuad explique que pour une telle création, la pâte ne doit être ni trop sèche, ni trop humide. «Sinon, le motif tressé ne colle pas bien.» Pour les roses, il a dû faire preuve d’un peu d’imagination. «Étant donné que les petites feuilles cuisent plus vite que le pain, je les ai congelées avant la cuisson. Ainsi, à la fin, tout sort du four uniformément doré.» Pour son travail précis et autant de créativité, il a obtenu la note de 5,9. Compte tenu de ce très bon résultat, JOWA le soutient dans deux années d’apprentissage supplémentaires, à l’issue desquelles il devrait obtenir le certificat fédéral de capacité.

Au début, la transition de tailleur à boulanger n’a pas été simple pour Fuad. Il aimait beaucoup son ancien travail. «Mais plus j’en ai appris au sein de la boulangerie, plus j’ai apprécié ce nouveau métier.» Aujourd’hui, il explique pouvoir laisser libre court à sa créativité dans la boulangerie.

Fuad badigeonne une tresse de jaune d’œuf

Deux lieux de résidence

Le personnel de la boulangerie bernoise s’active: deux jeunes hommes en tablier gris et casquette blanche poussent des étagères à roulettes avec différents pains à travers la pièce. Un troisième coupe en morceaux des tartes aux fruits avec un grand couteau. Un quatrième sort du four les pains cuits avec une pelle. Pendant ce temps, Fuad Asaad badigeonne les tresses d’œuf avec doigté. Il est déjà bientôt 10 h 00. Fuad est à la boulangerie depuis 4 h 15. Il confectionne des pains, des tresses et des tartes pour le magasin Migros de la Marktgasse à Berne, et garnit des petits pains pour le restaurant Migros situé dans le même bâtiment. Son rythme journalier s’est décalé en raison des horaires de travail matinaux. À 7 h 00, il prend un repas chaud. «Parfois on se réchauffe des spaghettis.» Lorsqu’il rentre à la maison à 14 h 00, il travaille pour l’école ou pour les cours d’allemand. Il va se coucher à 18 h 00. Sa femme et ses enfants rentrent peu de temps après. «En ce moment, je vois malheureusement très peu ma famille. J’espère que cette situation s’améliorera après ma formation», déclare Fuad avec un soupir. Mais il accepte cet inconvénient.

«Depuis que je travaille chez JOWA, je ne mange plus de pain plat.»

Fuad Asaad (34)

Le jeune homme travaille six semaines dans la boulangerie JOWA du centre-ville bernois. Il passe ensuite à la boulangerie d’apprentissage à Gränichen (AG). Là, il loge dans une petite chambre que JOWA met à sa disposition. Sa femme et leurs trois enfants restent dans leur appartement de Berne. À Gränichen, où sont produits des pains et des pâtisseries pour le restaurant du personnel, Fuad a un peu plus de temps que dans la boulangerie JOWA. Le maître d’apprentissage est sur place et accompagne les apprentis. «J’aime l’alternance. À Berne, je suis un élément important de l’équipe; à Gränichen, j’apprends toujours de nouvelles choses.» Du haut de ses 34 ans, Fuad Asaad est l’un des apprentis les plus âgés. «On m’a déjà pris pour le maître d’apprentissage», dit-il en rigolant. Cependant, il s’entend bien avec ses plus jeunes camarades. Fuad est également bien intégré à la boulangerie. Les collaborateurs forment des pains ou les enfournent avec des gestes rapides, ce qui ne les empêche pas de plaisanter entre eux. L’atmosphère semble joviale.

Fuad tient un plateau avec des tresses de pâte

Entre-temps, la pâte des tresses a levé et elles sont prêtes à passer au four. «Celui du haut est encore libre», lance la responsable de la boulangerie. Fuad ouvre la porte du four avec un gant et y enfourne une plaque après l’autre. Dans quatre heures, il aura fini sa journée.