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Portrait de Reto Knutti sur un toit-terrasse

Développement durable

Le changement climatique: un défi et une opportunité

Le réchauffement climatique peut-il encore être stoppé? Quel est le rôle d’entreprises comme Migros? Entretien avec le climatologue Reto Knutti.

Texte
Nina Huber
Image
Keystone / Christian Beutler
Date
Format
Interview

L’année dernière, la surface de la Terre s’est réchauffée de 1,6 degré Celsius. Qu’est-ce que cela signifie?

Au niveau mondial, cette valeur a dépassé d’un an l’objectif de 1,5 degré défini dans l’accord de Paris sur le climat, et nous dépasserons assez certainement cet objectif à long terme. Le fait est que le changement climatique est déjà là et qu’il a des effets partout: par exemple dans les événements météorologiques extrêmes de l’été dernier, du val Mesolcina à Saas-Grund et Brienz en passant par la vallée de la Maggia.


Est-ce que nous nous sommes fixé un objectif trop ambitieux avec cette limite de 1,5 degré?

Bien au contraire. Les objectifs climatiques mondiaux sont peu ambitieux et les mesures pour les atteindre sont insuffisantes. Maintenant, le président Trump veut se retirer de l’Accord de Paris.


Cette annonce des États-Unis vous inquiète-t-elle?

Évidemment! Il ne faut pas sous-estimer l’effet de signal. Il est extrêmement problématique que des États riches et influents se désengagent de leurs responsabilités et ce n’est certainement pas ainsi que nous résoudrons les problèmes mondiaux. Ce qui compte maintenant, ce sont les mesures à prendre.


Qu’est-ce que cela signifie concrètement?

Il peut s’agir de taxes sur le CO2, de taxes incitatives, de systèmes d’encouragement ou de campagnes d’information. Il ne suffit pas de faire appel à la raison des gens. L’interdiction des ampoules à incandescence nous l’a montré. Cela a provoqué un tollé au début, mais aujourd’hui, plus personne ne s’en offusque.


Que se passerait-il si on continuait comme avant?

Même en dépassant 1,5 degrés, la planète ne sera pas vouée à disparaître. Les effets seront semblables à ceux d’un éboulis qui se met à glisser, et la pente sera de plus en plus raide. Nous vivons bien au-dessus de nos moyens dans plusieurs domaines. En Suisse, avec notre mode de vie, nous atteignons les limites des ressources mondiales de la Terre chaque année au mois de mai.

La Suisse pourrait jouer un rôle de pionnier.

Reto Knutti, climatologue à l’EPF de Zurich et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)

Peut-on encore réduire le réchauffement?

Nous ne pouvons pas empêcher complètement le changement climatique. Mais nous avons le choix de le limiter à 1,6, 2 ou 3 degrés. Et donc de définir la rapidité avec laquelle la Terre deviendra inconfortable. Nos actions futures détermineront la quantité d’émissions supplémentaires que nous produirons à partir de maintenant.


Y a-t-il des lueurs d’espoir?

La technologie fait de grands progrès. Le charbon est trop cher, alors les alternatives comme les pompes à chaleur et le photovoltaïque deviennent plus attrayantes. Cela signifie que nous atteindrons bientôt le pic des émissions de CO2. Mais nos progrès ne sont pas assez rapides, donc les températures continuent de grimper.


Quel est le rôle d’entreprises comme Migros en ce qui concerne le changement climatique?

Elles ont un rôle important. Les grands distributeurs peuvent tout d’abord réduire leurs propres émissions, dans les chaînes de transport, lors de la fabrication des produits ou dans les bâtiments. Ils peuvent également proposer des produits durables. L’être humain n’est pas très doué pour sauver le monde par pure bonté d’âme, mais si on lui propose une meilleure alternative et, dans l’idéal, moins chère, il la prendra.


Comment pouvons-nous renverser la vapeur?

En Suisse, nous avons des gens bien formés, nous sommes financièrement et techniquement capables d’investir dans la protection du climat. À long terme, cela reviendra moins cher que de réparer les dégâts après coup. Comme l’a dit un collègue, on cueille d’abord les fruits facilement accessibles, puis il faut que quelqu’un construise une échelle. Cette personne peut ensuite la vendre. La Suisse pourrait jouer ce rôle de pionnier.

De la stratégie à la pratique

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