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Interview
Dans la publicité Migros, Beat, le père célibataire, amuse par son attachante maladresse. L’acteur Sebastian Krähenbühl nous parle des avantages et des inconvénients de sa notoriété et nous dit pourquoi il ne mange ni soupe aux mandarines, ni poulpe.
Certains me font des signes frénétiques, la plupart me regardent simplement. Ou me posent des questions: «Vous êtes le monsieur de la pub Migros?» Je me contente de répondre: «Oui, c’est moi». Tout ça très tranquillement. Les adolescent-es veulent parfois faire un selfie avec moi. Mais il se passe aussi des choses amusantes.
Une fois, le serveur d’un wagon-restaurant m’a offert un bon d’achat parce qu’il me considérait comme un client régulier. Il m’avait reconnu, mais sans savoir où me situer. Une autre fois, j’étais à la montagne et je ne savais pas quoi faire de mes déchets, quand quelqu’un m’a abordé: «Je vous connais, donnez-moi ça, je m’en occupe.» Ou cet hiver: j’ai oublié mon bonnet dans le train et peu après, j’ai reçu un message sur les médias sociaux disant qu’il avait été retrouvé. Apparemment, quelqu’un m’avait reconnu.
Je dirais plutôt qu’elle me procure ces petits agréments. Pareil en 2023, quand j’ai quitté Zurich pour m’installer dans la petite commune argovienne de Kaiserstuhl, tout le monde savait déjà qui j’étais.
Ce Beat a quelque chose d’aimable et de gauche. Récemment, une connaissance m’a dit que je n’étais pas aussi nul dans la vraie vie (rires). Mais la réponse ennuyeuse, c'est bien sûr que je joue un personnage, qui s’appelle Beat.
Je suis comédien, et j’aime ça. Je joue dans des comédies, dans des pièces sérieuses et aussi, avec beaucoup de plaisir, dans des films. J’écris également mes propres pièces, qui sont généralement un peu décalées. J’aime raconter des histoires, tout simplement. Avant, je dansais. Je me sens à l’aise dans de nombreux genres et je suis plutôt content d’avoir plusieurs cordes à mon arc.
Sur scène, on ne dispose que d’un seul essai, et il doit être réussi. On est à cent pour cent dans l’instant présent, on n'a pas le droit à l'erreur. Dans la publicité, on peut répéter autant de fois qu’on veut, jusqu’à ce que ce soit parfait. De toute façon, l'essentiel se passe après, au montage. Mais à la télévision, on n’a pas de public. Enfin, on ne le voit pas et on n’est pas en contact avec lui - jusqu’à ce qu’il nous interpelle dans la rue (rires). Sur scène, je sens tout de suite comment la pièce est reçue.
Oui, et ça m’amuse. Malheureusement, c’est plutôt à l’étranger qu’on me propose ce genre de rôles. Dans le dernier Zürich-Krimi, je joue un policier pénible. Il y a quelques années, en Autriche, j’ai joué un chef d’orchestre envahissant.
Non, car ce genre de rôle s’oublie trop vite pour ça. Avant, je me posais ce type de question. Lorsque je suis sorti de l’école de théâtre, on a voulu m’engager dans le feuilleton de la SRF «Mannezimmer». Je n’ai pas voulu le faire, par peur, justement, d’être assimilé pour toujours à ce rôle. Aujourd’hui, je vois les choses de manière beaucoup plus détendue. Même après quatre ans, j’aime toujours jouer Beat. Auparavant, je n’avais fait que peu de publicité. Deux fois pour Migros d’ailleurs, c’est amusant.
Ça aussi, j’y ai déjà pensé. Ce qui fait le personnage de Beat, c'est qu’il réagit toujours de la même façon.
Je ne sais pas. Ça ne relève pas de ma décision. Ce serait peut-être excessif.
(Il réfléchit) L’humour est très important pour moi et en fait, j’aime assez ce qui est un peu décalé ...
Oui, on peut dire ça. Mais Emil s’en sort très bien! Maintenant, je dois faire attention à ce que je dis (rires). Parfois, je trouve qu’en Suisse, la comédie est un peu trop «fayote». Pour moi, elle manque un peu de malveillance. Les pays anglo-saxons, mais aussi l’Autriche, y arrivent mieux.
Jusqu’à récemment, le «Daily Show» avec Trevor Noah, parce qu’il joue aussi beaucoup avec les mots. Ou l’Anglais Ricky Gervais. Ça fait du bien de voir quelqu'un qui n’en a rien à faire de ce que les gens pensent de lui ou de savoir si quelqu’un se sent offensé par ses blagues.
Un documentaire sur Netflix: «la sagesse de la pieuvre», sur un homme qui traverse une crise existentielle et qui se met à sombrer. Il rencontre une pieuvre et se met à l’accompagner. Je fais un peu de plongée et, moi aussi, la rencontre avec une pieuvre m’a changé: avant, j’en mangeais volontiers, mais depuis, ça m’est devenu impossible.
Je fonctionne un peu par périodes: marocaine par exemple, ou indienne en ce moment, ou parsie (les Parsi-es sont des descendant-es d’immigrant-es perses en Inde, note de la rédaction). Volontiers un osso bucco, j’en ai fait pour Noël. J’aime boire du vin et j’en fais moi-même. J'ai un petit vignoble, en Valais, qui produit 100 bouteilles de Gamay par an.
Je ne mange pas de soupe, ce n’est pas mon truc.
Sebastian Krähenbühl (49 ans) est originaire de Birri AG et a étudié au Swiss Acting Institute de Zurich. Dans la publicité Migros, il joue Beat, un père célibataire qui affronte les embûches du quotidien avec sa fille, Lea. Contrairement à son personnage, dans la vraie vie Sébastien Krähenbühl n’a pas d’enfant. Il habite à Kaiserstuhl AG.
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